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ture, tendance, les hommes sont conservateurs ou progressistes ; ils sont autoritaires ou libéraux ; aristocrates ou démocrates, religieux ou laïques ; réalistes ou idéalistes. D’après ces hases se sont formés les partis nationaux de presque tous les pays et quand on a vu s’instaurer de nouveaux corps politiques on va vu se produire les mêmes divisions (exemple : les partis au Reichstag allemand). On s’imaginerait difficilement un Parlement international où les socialistes et les catholiques par exemple n’auraient vite fait de s’affirmer comme tels. Ils sont par excellence des partis internationaux, d’autant plus que l’un et l’autre se considèrent comme dépositaires de la vérité absolue[1]. Il n’y aurait pas à le regretter. Plus une construction a ses parties liées par des traverses et des entretoises en sens divers, plus elle est solide. Il est désirable que dans un Parlement international des courants et des groupements puissent se manifester dans divers sens qui s’entrecoupent : groupements par État, par nationalité, par classes d’intérêts, par partis politiques.

292. Les États.


La vie sociale n’est possible, elle n’est avantageuse qu’à la condition qu’il y ait une loi. Celle-ci doit régler trois ordres de fonctions : a) Déterminer qui a le droit de faire la loi, c’est-à-dire organiser les pouvoirs. b) Déterminer les règles que les hommes doivent suivre dans leurs relations entre eux et avec le pouvoir. c) Organiser des services d’utilité publique, dont le premier est la sécurité tant à l’égard de l’intérieur qu’à l’extérieur. Ces fonctions essentielles c’est l’État, l’être collectif créé par les individus qui les assume.

La conception de l’État, de sa nature, de son rôle, de ses attributions, de ses droits et de ses devoirs est au centre du problème politique, à la fois de la politique intérieure et de la politique internationale. Car la personne de l’État offre ces deux aspects : vis-à-vis des citoyens il est l’organe supérieur de la constitution sociale ; vis-à-vis des autres États il est une personne du droit international et un membre de la société des nations. Suivant son évolution et son adaptation, toutes les luttes politiques intérieures retentissent sur la conception de l’État. Toutes les luttes extérieures pour l’indépendance, la souveraineté, l’association retentissent sur cette même conception. Celle-ci est donc essentiellement évolutive et a changé au cours de l’histoire.

292.1. GÉNÉRALITÉS. — 1. Notions de l’État. — a) On tient actuellement, comme caractère commun et nécessaire des États, qu’ils renferment un certain nombre d’hommes ; qu’une relation permanente existe entre la population et le territoire ; qu’une certaine unité et cohésion soit réalisée ; qu’une autorité politique possède la direction à

  1. Ostrogorski, La démocratie et l’organisation des partis politiques, Paris. 1903.