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TITRE ET INDICATIONS EXTERNES


de quelque document manuscrit ou imprimé ou de chacune des parties ou divisions d’un livre. Le titre est souvent trop étendu.

Il doit décrire fidèlement et adéquatement le contenu du volume, à moins qu’il s’agisse d’un ouvrage de fantaisie. Il faut que la page titre permette d’identifier l’ouvrage, de le classer et de l’indexer.

S’il y a plusieurs sections ou chapitres d’un livre, et qu’ils sont étendus, chaque section doit recevoir un titre intelligible en connexion avec lui.

Erreurs et confusions sont engendrées par des titres inexactes ou vagues. L’impression d’un titre exige que l’on fasse usage de différentes grandeurs de caractères de manière à marquer l’évolution et l’importance comparée des idées.

Tout titre bien fait devrait être une véritable indication de ce que contient le livre, presque sa définition.

Le titre complète l’œuvre ou plutôt la précède, il s’y attache, il en est inséparable. Le titre individualise l’œuvre littéraire et la distingue des œuvres similaires (Cour de Paris. 19 janvier 1912).

Le titre peut être banal ou générique et nécessaire ou bien il peut être original et constituer lui-même une création littéraire.

Dans les manuscrits et les impressions anciens, l’« incipit » (les premiers mots de l’ouvrage) fait office de titre.

Titres et sous-titres. — La lisibilité faite de la clarté des caractères, l’ordonnance des titres sont qualités fondamentales. Car le texte est fait avant tout pour être lu.

Le libellé des titres, leur nombre, leur importance relative, leur disposition sont objets de soins. Les titres nets, les sous-titres explicites nombreux, substantiels, donnent un exposé schématique, mais suffisant à la rigueur, de la matière exposée.

On ne s’est pas borné à désigner des ouvrages par leurs titres. On a, en histoire, donné certains noms à certaines théories. Ainsi, parlant des théories de Malebranche, on appelle l’une « la Vision en Dieu » et l’autre l’« Hypothèse des causes occasionnelles ».

Il y a des livres publiés sous plus d’un titre.[1]

231.12 Historique.

À l’origine les ouvrages étaient dépourvus d’un titre spécial et rarement ils portaient l’indication du lieu ou de la date de leur exécution. Le premier livre avec un titre, à la moderne, est le Calendario de Jean de Monteregio (Venise 1476).

Les livres d’Henri Estienne (1502-1520) portent, soit au titre, soit à la fin, l’année, le mois et même le jour de la publication, quelquefois la formule de la date, avec l’indication de son nom et de sa demeure, comprend des expressions ayant rapport au sujet du livre. Ordinairement le titre porte une gravure ou un symbole. Souvent ses ouvrages portent le nom des correcteurs qui en avaient lu les épreuves.

Fourrier, l’inventeur des séries, affectionnait parmi elles la série conjuguée. Ses ouvrages sont coupés de la sorte : avant-propos et post-propos ; préface et postface ; prolégomènes, cis-légomènes et intermèdes, etc. La tête du livre opposée à la queue, la deuxième division à l’avant-dernière et la conclusion placée au corps de l’ouvrage.

231.13 Caractéristiques du titre.

Le titre est au livre ce que la figure est à l’homme. On reconnaît le livre par son titre comme l’homme par son visage. Un titre bien fait doit en peu de mots donner une connaissance exacte à chacun du contenu et des caractères.

Le titre d’un livre a une grande importance : il est en fait fonction de l’époque plutôt que du livre et un livre s’achète surtout sur le titre. Le titre est parfois tout un poème et l’auteur n’en a pas écrit de meilleur. Il y a des règles qui doivent en déterminer le choix. Il faut, paraît-il, se défier du titre formé d’un nom. (Henri Baillère).

On a dit avec raison : le titre doit venir à l’auteur d’un jet ou il ne lui viendra pas heureux, appelant et précis. Un auteur écrit en fonction du titre de son ouvrage.

231.14 Espèces de titres.

On distingue : 1° le titre de la couverture ; 2° le titre intérieur, souvent plus complet ; il fait foi dans les descriptions ; il comprend : titre et sous-titre ; 3° le faux-titre ; 4° les titres des diverses parties ; 5° les titres en marge des pages ; 6° les titres en haut des pages ou en haut des colonnes (titres courants).

231.15 Desiderata des titres.

Évitez le titre commençant par un ou le. Évitez des titres négatifs. Évitez des titres au passif, le présent est préférable. Évitez le mot d’ordre d’un titre. Recherches sur, contribution à sur… Examen de… observation. Ces mots sont des indications sur la forme matérielle bibliologique ou intellectuelle des ouvrages, non sur leur sujet.

Évitez les titres longs.

Il y a des titres qui sont tout un programme. Ex. :

Le livre de Saint-Simon publié en 1814 : « De la réorganisation de la Société européenne et de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique en conservant à chacun son indépendance propre ».

La publication 126 de l’Union des Associations internationales : « De l’organisation des Forces Internationales et de leur concentration à Genève ».

Les recueils d’études ou de nouvelles portent généralement pour titre celui de la première d’entre elles, mais c’est induire en erreur le lecteur du titre.

  1. A modern Proteus, or a list of books published under more than one title. New-York 1884.