Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/207

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
242
LE LIVRE ET LE DOCUMENT

grandeur et de distance des objets et de pouvoir reproduire la photographie comme plan sur n’importe qu’elle échelle. La photographie stéréophotogrammétrique elle, a l’avantage de donner une vue plastique à l’image.

7. Photographie aérienne.

Les photos aériennes sont venues révéler un nouvel aspect de bien des choses et aider à leur meilleure connaissance. (Ex. Cartes de pays et plans de villes, vues des pyramides, études du trafic et de la circulation, etc.). Avec la photographie aérienne, chaque commune pourra avoir une véritable image de son territoire. La photographie aérienne a eu son couronnement dans les vues prises au-dessus du Mont Everest à 10,000 mètres d’altitude, au début de 1933, par Clydesdale et Mc Intyre. La photographie aérienne donnant une vue des choses de loin, permet de découvrir des particularités qui échappent tout à fait quand on est près. On a pu découvrir ainsi en Mésopotamie une immense cité pouvant contenir quatre millions d’habitants. Sur les rives du Tigre, des anciens systèmes d’irrigation, des forts disposés en série. (Article de M. G. D. Beazeley, dans Geographical Magazine de mai 1919. Analyse dans : Bulletin mensuel de la Société Centrale d’architecture, oct. 1919.)

Au cours des dernières années des sociétés anglaises ont relevé par photos aériennes des dizaines de milliers de kilomètres carrés en Afrique, en Asie et en Amérique. La cartographie de ces régions a été accomplie dans le dixième du temps demandé pour le relèvement par moyens terrestres et pour une dépense de moins d’un quart. Souvent les levés aériens effectués auraient été impossibles à faire du sol ; la région marécageuse du Soudan connue sous le nom de Sudd en est un bel exemple. Des avions totalisant mille heures de vol aux altitudes de 3,500 à 4,500 mètres, ont photographié cinquante mille kilomètres carrés du Soudan et de l’Ouganda et les cartes furent livrées deux ans après le commencement de l’entreprise. L’arpentage terrestre le plus rapide de cette région avec l’organisation la plus compréhensive, aurait pris au moins dix ans et aurait été loin de fournir tous les renseignements précis que révélaient immédiatement les photographies aériennes.

Les photographies aériennes fournissent un moyen simple, direct et rapide de relever de grandes étendues ; elles ont aussi l’avantage de fournir immédiatement des renseignements précieux sur la constitution même des régions relevées. Elles montrent les endroits où de riches dépôts minéraux sont susceptibles d’être découverts, où la terre est propre à la culture, les zones où les forêts doivent être conservées pour des raisons commerciales ou pour servir de protection, les meilleurs alignements pour les chemins de fer et les routes, et maintes autres informations de la plus grande valeur pour le gouvernement et le développement rationnel du pays. La photographie aérienne a révélé en outre toute une partie de l’histoire ancienne en montrant la configuration des anciennes villes, des routes et terrassements. Même en Grande-Bretagne, des détails historiques, qui seraient restés cachés peut-être à jamais, ont été découverts grâce à la photo aérienne.

La photogrammétrie stéréoscopique conçue par le Prof. Hugershoff, de Dresde, a réduit au dixième les opérations sur les terrains et les opérations de bureau à la sixième partie du temps employé avec les anciennes méthodes. On peut maintenant cartographier des terrains inabordables et impénétrables, d’extension considérable. Les appareils dits à autocartographier, du même, permettent de faire des plans en relief, avec courbes de niveau exacts, à l’échelle de 1 : 10,000 ou 1 : 20,000, des forêts et des chaînes de montagnes élevées. Les vues sont prises en aéroplanes ou latéralement de chemins de fer dans les montagnes, de vapeur sur les côtes. En deux heures, un aéroplane peut prendre des photographies qui couvrent une superficie de 300 km² pour des plans à l’échelle de 1 : 10,000 et de 1.200 km² à l’échelle de 1 : 20,000.[1]

g) Photographie du ciel. — Une œuvre d’importance capitale a été entreprise : la représentation photographique de tout le ciel stellaire. Y travaillent 18 observatoires et certains ont déjà achevé la tâche leur dévolue. L’œuvre totale comprendra 2,000 feuilles contenant les images de 50 millions d’étoiles jusqu’à la grandeur 14, obtenues avec poses d’environ une demi-heure. Elle comportera aussi un catalogue indiquant la position d’environ 2 millions d’étoiles jusqu’ à la grandeur 11, obtenues par pose de 5 minutes.

La photographie appliquée à la représentation du ciel nous permet : 1° d’embrasser d’un coup d’œil l’immensité de l’univers accessible à nos moyens de recherche ; 2° de tirer de cette représentation fidèle du ciel l’immense avantage de substituer des mesures aux images.

La scintillation des étoiles donne lieu à une extinction plus rapide sur la plaque photographique que dans l’œil humain.

h) La stéréoscopie doit être considérée d’une part comme un problème mathématique et d’autre part comme un problème graphique. L’illusion de relief donnée par la stéréoscopie est due en partie à une éducation cérébrale qui, lorsque chacun de nos yeux reçoivent une image spéciale, ne nous laisse jamais voir qu’un seul objet sous trois dimensions. Cette éducation dans laquelle notre imagination entre puissamment en jeu est devenue si parfaite que si l’on vient à regarder avec les deux yeux un dessin forme de quelques traits et de quelques points diversement disposés, notre esprit s’efforce toujours d’y voir l’image d’un objet à trois dimensions qui n’existe pas. (Eyckmann Annales d’Électrobiologie, août 1909.)

Le Dr Herbert Yves (exposé à la Société des Ingénieurs du Cinéma à New-York) voit la solution du problème dans ces desiderata : pas d’appareil de vision individuelle

  1. Munich, Kartographische Gesellschaft.