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SUBSTITUTS DU LIVRE

ports avec Dieu. Le culte est intérieur et extérieur. Toutes les religions ont donné une place au culte. L’Église catholique accompagne l’exercice du culte de cérémonies de grande pompe. Le livre y est intimement lié (Évangeliaires, livres d’heures, livres de prières).

b) Les cérémonies religieuses règlent ce qui a rapport au sacrifice, aux offices ou prières publiques, à la liturgie, à l’administration des sacrements : baptême, mariage, aux funérailles, etc. Elles sont instituées pour rehausser le culte divin, élever l’esprit de l’homme et l’instruire en honorant la divinité. On distingue les rites essentiels aux sacrements que Jésus-Christ lui-même a institués, et les rites qui ont été établis par des apôtres ou leurs successeurs. S. Denys, l’auteur de la Divine hiérarchie, dit que les cérémonies furent instituées par les apôtres et par leurs successeurs « afin que selon la portée de notre entendement, ces figures visibles fussent comme un secours par lequel il nous fût possible de nous élever à l’intelligence des augustes mystères ». Le Concile de Trente défend d’omettre ou de changer les cérémonies employées pour l’administration des sacrements, alors même qu’elles ne sont point essentielles. Cette défense regarde en particulier les évêques, qui ne peuvent dès lors composer des rites particuliers.

c) Un mouvement Qui a son siège à l’abbaye du Mont César de Louvain tend à la participation active des fidèles (des laïcs) aux actes du culte catholique, à la richesse et à la variété du cycle liturgique. Plus de spectateurs muets, de témoins passifs. « L’historien, l’archéologue, y verra une restauration d’usages abolis par une évolution que l’on ne juge pas toujours heureuse. L’homme d’action, un moyen d’associer les âmes non plus seulement dans les œuvres apostoliques, mais dans la manifestation et l’exercice de la vue religieuse la plus essentielle. Le psychologue un procédé d’ascétisme éprouvé par les siècles et approuvé par l’Église. Mais il est un point de vue supérieur à ceux-là. Si le culte est prière et action du corps mystique de l’Église, la participation à ce culte, plus qu’une méthode salutaire, est une pratique nécessaire. Elle tient aux profondeurs et à l’essence même de la vie chrétienne envisagée dans sa réalité collective. La vie liturgique est la participation des âmes au culte public, participation qui n’a guère de valeur sans cette union profonde et spirituelle. »[1]

d) La musique religieuse est de première importance dans le culte. Dans l’Église orthodoxe les chants revêtent une grande ampleur, chez les Protestants se sont les Hymnes et les Cantiques. Dans l’Église catholique, le plain-chant et la Réforme grégorienne, la grande supplication du Kyrie, la grande louange du Gloria et du Sanctus, la grande affirmation théologique du Credo, les tendresses du Benedictus (Roland de Lassus, Palestrina, Marcelle, Bach, Haendel, Beethoven, Mozart). La musique religieuse est transmise par le livre (Manuscrits des moines, Antiphonaires, Partitions).

e) « Une musique spécifiquement religieuse devrait s’incorporer au culte au point de ne jamais s’en distinguer. Il y faut cependant le travail des siècles : la liturgie de la Messe elle-même, si fixée qu’elle nous paraisse dans ses parties essentielles, a mis du temps à imposer sa forme, sa déclamation, sa mélodie. Le grégorien a été une nouveauté comme plus tard le palestrinien, peut être aussi choquante à l’origine (Ghéon). »

« Rome a arrêté les novateurs qui proposaient d’introduire le phonographe à l’office même. La musique et surtout le chant d’église, n’est, fut-il dit à ce propos, un simple ornement artistique, une décoration accidentelle que chacun varie et applique à sa façon. L’Église chante parce que parler ne suffirait pas à l’élan de sa prière et ce chant est sa prière. Il doit traduire les sentiments du cœur humain par un acte conscient et personnel, chaque fois renouvelé de son être vivant : nulles machines, si perfectionnées qu’elles soient, ne peuvent être substituées à la voix que Dieu a donné aux hommes pour le louer. »[2]

243.66 Divers.

a) Myologie expressive. — Les divers mouvements de l’âme s’expriment d’eux-mêmes sur notre visage, sans le concours de notre volonté par le jeu des muscles de la face. C’est ce que l’on nomme physionomie. On a fait de cette partie de la myologie une étude approfondie et savante (Notamment le prof. Gratiolet.)

b) Danse. — Au point de vue chronologique, la danse se place parmi les arts les plus anciens. Geste instinctif et geste étudié de la poésie et de la musique. Les gestes de chaque individu, les gestes les plus naturels, ceux de chaque jour, de tous les instants sont adaptés, rendus spectaculaires, grossis ou amoindris selon les besoins de la cause et les lois de l’optique scénique. La mimique du visage contribue, en plus du geste, à donner à la danse un cachet d’humanité. La danse classique est une série de pas qui sont classés, définis et qui forment pour le danseur l’alphabet dont il se servira pour créer avec la musique une danse dont tous les pas sont prévus, comme rendement, durée et fin. Dans la danse tous les éléments dansants participent à un tout qui se révèle homogène, dirigé par un chef, chargé de traduire par le geste une

  1. Rme Dom Capelle à la XVIe Semaine liturgique (1933). — Voir la question longtemps controversée de la messe dialoguée (rapport de Dom Gaspar Lefebre). Sur la conception de la communion des Saints et l’identification avec le Christ, voir l’ouvrage du P. Mersch sur le Corps mystique du Christ.
  2. D. Bède Lebbe. — Phonographe et chant d’Église. Revue Liturgique Assomption, 1933 — On s’est servi du phonographe pour apprendre la musique religieuse, en dehors des offices.