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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

de publications continues ; la bibliographie due à l’une des trois sources indiquées ci-dessous ou à la combinaison de deux ou trois, elle donne lieu à des recueils par ordre de date ; par bibliographies locales, par matière systématique ou par matière alphabétique, il y a un système qui est cumulatif.

2. — Types réalisés.

Pour l’Angleterre, il y a lieu de faire ainsi les recherches. 1° Publication de la dernière semaine : Publisher’s Circular. 2° Publication du dernier mois : Publisher’s Circular Monthly ou Bookseller. 3° Pour le dernier trimestre : Whitaker’s Cumulative List. 4° Pour la dernière année, le Whitaker ou l’English Catalogue. 5° Pour des ensembles d’années, l’English Catalogue. 6° Pour certains siècles, le London Catalogue ou les Term Catalogues ou le Transcript of the Stationer Register.

Mais on a en outre les grandes sources du Catalogue du British Museum, de la Cambridge History of English Littérature.

La France possède la Bibliographie de la France récemment réorganisée, le Catalogne mensuel de la Librairie française commencé par Lorenz et continué par Jordell, le grand Catalogue de la Bibliothèque Nationale et son Bulletin mensuel des récentes acquisitions françaises. La H. W. Wilson Company (New-York) a entrepris un vaste système de catalogue imprimé, dont les caractéristiques sont les suivantes : 1° En un volume (The United States Catalog) toutes les œuvres publiées en Amérique encore en librairie en 1928. Les titres arrangés en un seul ordre alphabétique sous l’auteur, le titre et le sujet (190,000 titres, 575 entrées, 3,164 pages). 2° Supplément. Cumulative Book Index 1928-32, 2,300 p. Il comprend tous les livres de langue anglaise. 3° Service courant pour l’année, paraissant en 12 fois en fascicules se cumulant par deux mois, quatre mois, six mois et douze mois. La publication donne l’indication du prix de l’éditeur, de l’édition, de la reliure et la date de publicité. Elle s’étend aux livres publiés par les éditeurs, les auteurs, les sociétés, les instituts, les livres publiés par souscription, un choix de documents gouvernementaux, les brochures.

Récemment de nouveaux progrès ont été réalisés en Allemagne. Ils émanent de la puissante organisation des Éditeurs-Libraires unis dans le Börsenverein à Leipzig. Ils portent sur la Bibliographie allemande, la « Deutsche Nationalbibliographie ».

Les Allemands portent le génie et la patience de l’organisation dans le domaine intellectuel, comme déjà ils l’ont fait dans le domaine industriel sous le double signe de la rationalisation et de l’efficience. Sans doute la bibliographie coûte à établir et de l’argent et du travail, des soins aussi et des idées. Mais une méthode rationnelle trouve tant d’économies à faire par un meilleur enchaînement des opérations, que les ressources se trouvent. Elles sont assurées quand, aux utilités du travail fait, viennent s’ajouter d’autres utilités de grand rendement. Voici la chaîne ;

1° Les producteurs du livre allemand, il y a bien des années, ont commencé par s’associer : éditeurs, dépositaires, libraires, et ils ont réalisé cette machinerie formidable qui a nom « Börsenverein » (Bourse du Livre de Leipzig). Les quelques 30,000 libraires répartis par toute l’Allemagne et dans un bien grand nombre d’autres pays ont eu un lien avec un centre, ce qui leur a facilité à la fois les commandes, les expéditions et les règlements de compte.

2° Cette organisation a créé de toutes pièces la Deutsche Bucherei, la grande Bibliothèque nationale allemande, où tout ce qui paraît en allemand, n’importe où, vient se concentrer. Ses volumes sont en quelque sorte des exemplaires témoins réunis à toutes fins, celles de la Pensée, de la Culture, de la Technique, de l’Administration et aussi celles du Commerce des Livres.

3° Les livres produits et offerts en vente, il faut les cataloguer ; il faut aussi cataloguer la Deutsche Bucherei, il faut enfin élever un monument total à la Pensée allemande écrite et imprimée (Schriftum), à sa bibliographie. On a voulu faire en une fois les opérations nécessaires à ces trois objectifs autrefois distincts, séparés et recommençant chacun un même travail, ou à peu près, sur nouveaux frais. Le résultat est la Deutsche National Bibliographie.

4° Celle-là a procédé par fusion de ce qui existait et sans dommage pour personne. C’est ainsi qu’a été élevée au rang et à la fonction nouvelle la publication bibliographique hebdomadaire ancienne et bien connue, le Wöchentlichen Verzeichnisse.

5° Pour être utile à toutes les bibliothèques, on a réalisé ces deux réformes : les notices des livres, au lieu d’être faites d’une manière sommaire et quelconque sont maintenant conformes aux règles catalographiques de l’instruction prussienne, au lieu d’être imprimées en pauvres petits caractères, elles se présentent maintenant en très beau texte.

3. — Desiderata et recommandations.

On peut formuler en ces termes les desiderata et recommandations des bibliographies nationales.

1° Principe — La bibliographie nationale doit constituer un système complet à tous les points de vue : a) auteurs, b) éditeurs, c) matières, d) lieux, e) temps, f) formes, g) langues des publications.

2° Extension. — Le système doit comprendre : a) l’état civil de ce qui a paru, sous forme de description bibliographique ; b) autant que possible l’analyse du contenu des ouvrages ; c) leur classement ; d) les indications catalographiques se référant aux grandes bibliothèques nationales ou spéciales du pays.