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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

e) À l’initiative de M. Berghoeffer, la Bibliothèque Rothschild de Francfort sur Main a réalisé un catalogue collectif des bibliothèques de langue allemande (Samenkatalog wissenschaftlicher Bibliotheken der Deutschen Sprachgebiets). Commencé en 1891, il compte actuellement plus de 3 millions de titres avec 4 millions d’indications du lieu de dépôt du livre (Foundorten). C’est une refonte des catalogues imprimée et dactylographiés, ainsi que des registres d’entrée des bibliothèques scientifiques de langue allemande (Allemagne, Autriche, Luxembourg, Suisse et Hollande). Il est à base d’une quadruple classification, géographique, chronologique, par noms d’auteur et par matières.[1]

f) Le National Union Catalogue, catalogue collectif de Grande-Bretagne, se poursuit à l’initiative de la National Central Library (Londres) et de son Information Department (Inquiry Office of the Joint Standing Committee on Library Corporation).

g) Une entente est intervenue entre la Library of Congress et la American Library Association pour la préparation d’un catalogue américain (Library of Congress Union Catalogue). Il s’agit d’arriver au catalogage de 8 à 9 millions de titres. Actuellement 7 millions sont déjà catalogués (6,600,000 de place de 5 millions de titres). La Rockefeller Foundation est intervenue dans le premier plan quinquennal de l’œuvre pour 50,000 dollars par an. On a porté l’effort sur les ouvrages les moins demandés (Unusual book), notamment ceux antérieurs à 1800 ou en langue étrangère avant 1870. Pour retrouver de tels ouvrages dans une bibliothèque universitaire de 144,000 unités à la Liste des Acquisitions il a fallu 41 ¼ heures et les 12,300 titres choisis ont pris 140 heures de copie.

b) On a formulé le regret que jusqu’ici l’entente, pour publier en commun leur catalogue, n’ait pu se réaliser entre les grandes bibliothèques du monde : Paris, Londres, Berlin, Washington.

Que les catalogues collectifs nationaux aient cependant un intérêt international est démontré notamment par le fait qu’à l’intervention de l’American Library Association et de la Bibliographical Society of America, une souscription a été faite en faveur du Preussische Gesamt Katalog par la Rockefeller Foundation.

255.49 Répertoire des collections.

On a établi des répertoires ou listes des grandes collections spéciales d’ouvrages existant dans certains pays. Ainsi, pour les États-Unis, l’Index directory to special collections (Richardson). Pour la Grande-Bretagne, le Special Libraries Directory, publié par A. S. L. I. B.

255.5 Résumés et analyses.

a) Les résumés forment l’exposé de la documentation. Ils consistent dans l’analyse sous une forme succincte de ce qui est contenu dans les documents (concision, condensation, extraction de la « substantifique moelle »).

b) La valeur des résumés est en fonction du choix des documents à résumer, du degré de plénitude que l’on peut attendre dans le nombre de renseignements, du degré requis d’originalité, de nouveauté et d’importance, enfin de leur exactitude et de leur fidélité.

c) Le résumé a une valeur en soi. La brièveté d’un exposé contraint à mettre en lumière les principes fondamentaux et à adopter un plan faisant ressortir à la fois la situation d’un sujet et son dynamisme interne.

d) On a abusé du résumé. Les Allemands avant la guerre, a-t-on dit, avaient fini par travailler au moyen des « Centralblätter », Ils se dispensaient trop de recourir aux travaux mêmes et d’en recevoir l’impression complexe et directe d’une source primaire. Il faut avant tout travailler d’après ces sources. Les Américains ont tendance à reprendre une idée semblable ; tout y est aux abstracts. Cependant, malgré ces critiques, le résumé est un fait et il a son rôle à remplir. Les recueils de résumés doivent être comme un journal scientifique qu’on lit pour connaître les « nouvelles », pour être au courant grosso modo de ce qui se passe, pour ne rester dans l’ignorance totale d’aucun fait essentiel. Mais celui qui, se bornant aux journaux, ne lirait jamais le compte rendu des Parlements, ni les livres de pièces diplomatiques, ni les mémoires et souvenirs des hommes mêlés à la vie publique, celui-là aurait une bien fausse idée de la Politique.

e) Il y a des recueils généraux d’analyse. La Review of Review a inauguré autrefois un type bien spécial. Le Reader’s Digest publie chaque mois ce que son auteur estime de plus typique dans les revues. Lu et Vu déclarent parcourir 3,000 journaux par semaine.

f) Les recueils d’analyses, de résumés spécialisés sont en premier lieu les Centralblätter et les Jahresberichter, publiés en Allemagne pour presque chaque science. Les Américains ont réalisé de grands recueils. Ex. : Sciences, Physical, Biological. Social Science abstract, etc. Ce dernier s’étend sur plus de 1,000 pages par an, analyse 3,000 périodiques en 35 langues, donne plus de 22,000 analyses, est soutenu par un millier de souscripteurs.

g) Des efforts ont été faits pour coordonner, normaliser, standardiser, concentrer la publication des résumés, notamment par le National Council of Research de Washington et la Commission de Coopération Intellectuelle de la S. D. N. En 1920, la Confédération des Sociétés Scientifiques françaises a présenté le projet d’une publication d’analyses des travaux scientifiques du monde entier avec un budget annuel de 2,517,000 francs. On a calculé (vers

  1. Ch. W. Berghoeffer. a) Der Frankfurter Sammelkatalog, Zentralblatt für Bibliothekswesen, 1925. b) Vorschrift für den Sammelkatalog, 1927.