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LE LIVRE ET LE DOCUMENT
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en soi, afin de répondre aux desiderata du silence, de l’aération, de la lumière nécessaire. Il faut tendre à faire parcourir un chemin minimum au livre pour parvenir jusqu’au lecteur ; il faut aussi séparer distinctement les deux grands services d’une bibliothèque, celui relatif au travail intérieur de manipulation des livres et celui relatif à l’utilisation des livres par les lecteurs.[1]

Nous avons suggéré qu’à Paris un jour la Bibliothèque Nationale et le Louvre soient reliés par des passages souterrains et qu’à l’intermédiaire du Palais Royal, consacrés aux extensions et à la concentration des collections éparses, il soit formé un seul immense complexe consacré à la documentation dans tous ses aspects

c) L’architecte J. Witkiewicz Koszczyc a exprimé l’avis qu’il est impossible de faire un projet rationnel d’édifice de bibliothèque pouvant subir des agrandissements à l’infini. On peut construire l’édifice en plusieurs étages, mais le programme doit être défini et prévoir un tout complet et une possibilité d’agrandissement limité. L’examen des bibliothèques existantes démontre qu’elles nécessitent une reconstruction au bout de 50 à 60 ans. Le développement des possibilités techniques est en rapport avec le développement de la lecture des livres. Après 50 ans la génération nouvelle devra résoudre la question d’une façon différente en harmonie avec tous les progrès réalisés simultanément dans la technique, dans la société et dans la documentation.

d) Les installations techniques progressent sans cesse : éclairage, distribution mécanique des livres, circulation de l’air.


263 Les Archives (Archives anciennes).


1. — Notion.

a) Les archives sont les titres juridiques de l’État, des provinces, des communes, des établissements publics et privés et des particuliers. Les « archives historiques » sont celles qui sont antérieures à une date déterminée. Elles sont accessibles au public par opposition aux « archives administratives », qui servent exclusivement aux besoins de l’administration et qui ne peuvent jouir de la même publicité. Les documents anciens forment des masses considérables

b) La constitution des archives a pour objet notamment la conservation des titres juridiques, la documentation de l’histoire, les informations scientifiques de caractère social.

c) On distingue les archives quant à la propriété (archives officielles ou privées), quant à la publicité (archives publiques ou secrètes), quant à l’objet (archives administratives ou scientifiques).

2. — Historique.

En France, l’Assemblée Constituante, par voie de confiscation, a mis à la disposition de l’État, c’est-à dire de tout le monde, une foule d’archives privées et de collections particulières : archives, bibliothèques et musées de la Couronne, archives et bibliothèques de couvents et de corporations supprimées. On les a réparties entre quelques établissements nationaux. Le même fait s’est produit sur une moins grande échelle en Allemagne, en Espagne et en Italie.

Les Archives nationales de France renferment plusieurs millions de titres, répartis dans environ 300,000 cartons, liasses, registres et portefeuilles ; elles s’augmentent chaque jour de documents dont les administrations n’ont plus besoin pour les affaires courantes. En Angleterre, une Commission royale de 1914 s’est occupée de la question des archives. (Voir rapport Edwards, no 13.)[2] En Russie, le Gouvernement des Soviets a pris un ensemble de mesures nouvelles pour la centralisation et le classement des archives.

3. — Archivistique. Méthodes.

La science des archives, créée par Mabillon sous le nom de Diplomatique, n’a cessé de se développer. Des méthodes très précises ont été élaborées pour l’organisation des archives.[3] Il en a été discuté dans les Associations d’archivistes et les Congrès internationaux des bibliothécaires et des archivistes. La manière dont les archives sont traitées a des identités fondamentales avec le traitement des livres dans les bibliothèques : disposition en magasin, inventaire et catalogues, communication publique des pièces, etc. Mais il existe aussi des différences marquées.

  1. La nouvelle Bibliothèque de l’École des Hautes Études commerciales de Varsovie, qui abrite provisoirement la Bibliothèque Nationale Polonaise (architecte Jan Witkiewicz Koszczyc) réalise une nouvelle disposition de locaux : les salles de lecture sont placées immédiatement au-dessus du magasin à livres et reliées à lui par des monte-charges électriques. Ainsi le livre se trouve à une distance minime du lecteur, son trajet étant vertical et d’un étage seulement. Dans l’édifice, 1,000 étudiants peuvent travailler aisément et simultanément. L’édifice a été construit en 17 mois et demi.
  2. Il y a les archives des organisations secrètes de l’« Intelligence service » dans les archives du Foreign Office, des ministères, du château de Windsor. (Les pièces passées à l’état historique mais qui intéressent les intrigues des cours), du British Museum (sans indication de provenance) de Scotland Yard (les portraits des espions) de l’Amirauté et du War Office (plans, graphiques, épures du contre-espionnage). Les archives de l’Intelligence service restent à l’abri d’un attentat convoité, d’un incendie criminel. Il y a des gens très haut placés de par le monde qui, de tous temps, eussent bien aimé considérer comme détruits certains dossiers ». (Les hommes aux mille visages). « Indépendance Belge, 21 oct. 1933 ».
  3. Manuel pour le classement et la description des archives. par S Muller. J. A. Feith et Fruin. Traduction française du hollandais, adaptation aux archives belges, par Jos. Cuvelier, adaptation aux archives françaises par H. Stein. La Haye, A. de Jager, 1910.