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MÉTHODES

b) d’une classification scientifique et philosophique (Taxonomie) ; c) d’un langage scientifique et d’une notation rationnelle) (Terminologie et symbologie). De la classification synthétique, une ou multiple, et en constante évolution, on peut se reporter, par voie de concordance, à la Classification décimale elle-même qui possède ainsi en elle un nouvel ordre d’entrées, complémentaire de celui qu’elle a déjà dans son index alphabétique.

c) Concordances entre classifications.

Des concordances peuvent être établies entre la classification décimale considérée comme classification universelle auxiliaire et les classifications spéciales en usage. Exemples :

  Class. décim. Intern. Catal. Cutter Halle (Harrwig)
Calcul intégral 517.3 A. 4000 Pc. L 3B
Littérature allemande. 843 Y.V. Dc

a) La classification décimale a trois caractères : 1o Conventionnel et standardisé ; 2o Auxiliaire ; 3o International. Elle ne vise à être ni la plus logique des classifications, ni l’unique. b) L’élaboration de cette classification jusqu’à celle qui sera continuée par la tenue à jour, se développent dans le cadre des idées suivantes : La classification décimale, faite maintenant des tables systématiques et d’un index alphabétique sera complétée par des tables synthétiques qui n’auront pas de notation propre, qui pourront constamment se transformer et adopter les variantes des divers systèmes et écoles en présence. La classification décimale pourra périodiquement, après de grandes durées de temps, faire l’objet de refonte radicale, de manière à ne pas opposer son intangibilité aux nécessités du progrès des sciences et de la vie, L’Institut International de Bibliographie, en liaison avec d’autres organisations intéressées, poursuivra les études relatives à la classification en général. (Théorie et pratique ; Taxonomie), de manière à établir les éléments des tables synthétiques et ceux de la refonte périodique.

412.37 Développement de la classification en général dans quatre directions différentes.

Un immense effort a été fait à travers les âges, et plus particulièrement au XIXe siècle, pour améliorer les classifications et pour en approfondir les notions fondamentales. Confondus à l’origine, ces efforts, aujourd’hui, se portent sur quatre objets différents :

1o La théorie de la classification, qui relève de la logique. Cette théorie s’est précisée et enrichie d’observations nouvelles.

2o La systématique de chaque science, de chaque ordre de connaissance, énumération des êtres étudiés, leur sériation naturelle, cadre des études et des organisations d’études.

3o La classification des sciences, ou relation entre elles de toutes les branches des connaissances devant satisfaire aux lois de la logique et se fonder sur toutes les systématiques particulières, tout en s’abstenant des détails de celles-ci.

4o La classification bibliographique et documentaire, dont l’objet tout utilitaire est la mise en ordre et la récupération rapide et sûre des pièces et documents de toute nature. Elle vise à être aussi pratique et complète que possible. Elle se conforme aux lois de la logique, elle utilise les systématiques particulières et la classification des sciences. Mais elle renonce à être une œuvre de la raison théorique pour se borner à en être une de la raison pratique. La continuité, la stabilité, ses desiderata principaux, justifient les discordances avec l’ordre scientifique rigoureux. Et son caractère propre dérive encore d’un autre fait. Devant servir à l’ordre dans les documents et non dans les idées, il ne lui suffit pas d’énumérer, dans ses divisions, des êtres et des phénomènes ; elle doit énumérer aussi des documents et la manière dont les notions y sont combinées et incorporées. Ce fait influence le groupement même des rubriques. La classification, en effet, doit pouvoir servir au classement des ouvrages anciens comme à celui des ouvrages modernes, à ceux qui développent leur sujet selon des plans traditionnels comme à ceux qui les développent selon des vues nouvelles. La classification bibliographique et documentaire est donc semblable, dans son développement, à une langue. On y a constamment ajouté, abandonnant au temps le soin de laisser tomber en désuétude quelques parties, mais ne procédant jamais par refonte radicale ni synthèse nouvelle. La langue possède des mots et des formes de tous les âges ; elle multiplie ses exceptions selon les besoins, elle n’a d’autre but que d’être expressive, c’est-à-dire de pouvoir tout dire et être sûre d’être comprise. Ainsi la classification, fleuve sans cesse accru de rivières, de ruisseaux, s’est constituée d’additions successives et a conservé dans son lit tout ce que le temps a charrié vers elle. Elle a cherché à tout classer et à permettre, à tout moment, de tout retrouver. Mais quoique désormais bien distinctes, la théorie logique des classes, la systématique, la classification des sciences et la classification documentaire s’influencent étroitement et les progrès de l’une profitent à toutes les autres.

412.38 Taxonomie générale. Science de la classification.

Le fait qu’on a pu relever et décrire près de 200 classifications différentes du seul ordre bibliographique, sans parler des classifications élaborées dans les sciences, donne une base objective à la Taxonomie. Ce terme a