Page:Ovide - Œuvres complètes, Nisard, 1850.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
les métamorphoses

dique des périls qui l’ont menacé dans sa longue course ; il leur dit quelles mers, quelles contrées il a vues sous ses pieds du haut des cieux, et quels astres il a effleurés de ses ailes balancées dans les airs. Il se tait cependant plus tôt qu’on ne le désire. Un des convives lui demande pourquoi seule, parmi ses sœurs, elle avait les cheveux entremêlés de serpents. L’hôte de Céphée répond : « Ce que vous me demandez mérite d’être raconté ; apprenez-en la cause. Célèbre par sa beauté, Méduse(47) fut l’objet des vœux de mille prétendants, et la cause de leur rivalité jalouse ; parmi tous ses attraits, ce qui charmait surtout les regards, c’était sa chevelure ; j’ai connu des personnes qui m’ont assuré l’avoir vue. Le souverain des mers profana, dit-on, sa beauté dans un temple de Minerve. La fille de Jupiter détourna les yeux, couvrit de l’égide son chaste visage, et, pour ne pas laisser cet attentat impuni, elle changea les cheveux de la Gorgone en d’horribles serpents ; maintenant même, afin de frapper ses ennemis d’épouvante et d’horreur, elle porte sur l’égide qui couvre son sein les serpents qu’elle fit naître. »


(1) Mynias ou Minée, fils de Chrysès, petit-fils de Neptune, fondateur de la ville d’Orchomène, donna son nom aux peuples qu’il gouvernait.

(2) Bacchus était appelé Bromius, βρόμιος, du mot grec βρεμειν consacré pour les cris des Bacchantes ; Lyæus, du mot grec λυειν, délier, qui chasse les chagrins ; Bimater, parce qu’il fut porté dans le sein de Sémélé et ensuite dans la cuisse de Jupiter ; Nysée, parce qu’il avait été élevé à Nysa, ville et montagne de l’Inde ; Thyonée, parce que le nom de Thyoné fut donné à Sémélé sa mère, quand elle eut été placée parmi les immortelles ; Lénæus, du mot grec ληνος, cure ou pressoir ; Nyctélius, c’est-à-dire nocturne, parce que les orgies ou Nyctélies se célébraient pendant la nuit ; Élélée, Iacchus, Evan, à cause des cris que les Bacchantes faisaient entendre dans les orgies.

(3) On représente Bacchus avec des cornes, ou parce qu’il avait le premier accouplé des bœufs sous le joug de la charrue, ou comme un emblème hiéroglyphique de l’effronterie des buveurs, ou parce que les anciens se servaient de cornes en forme de coupes, ou peut-être parce que, selon l’usage des Orientaux, il portait un turban à deux pointes en forme de tiare.

(4) Lycurgue, roi de Thrace, voulut extirper la vigne de ses états : frappé de délire par Bacchus, il se coupa les jambes de la même hache dont il voulait couper les ceps.

(5) Le vieillard désigne Silène, père nourricier, instituteur et compagnon de Bacchus.

(6) Minerve présidait à tous les travaux concernant la laine.

(7) Dercète était une grande divinité des Syriens. Vénus irritée lui inspira de l’amour pour un jeune prêtre qui la rendit mère d’une fille qu’elle nomma Sémiramis. Pour cacher son déshonneur, elle se précipita dans un lac, près d’Ascalon, et y fut changée en un monstre qui était femme depuis la ceinture jusqu’en haut, et dont la partie inférieure se terminait en queue de poisson.

(8) Cette fille était Sémiramis, reine de Babylone, législatrice et conquérante. Après un règne mémorable, elle abdiqua en faveur de Ninias son fils, qui la fit mourir, et publia, pour cacher son crime, qu’elle s’était envolée sous la figure d’une colombe.

(9) Ces remparts avaient, d’après Quinte-Curce, cent coudées de hauteur, étaient flanqués de cinquante tours, et pouvaient donner passage à la fois à deux chars attelés de quatre chevaux.

(10) Hypérion était fils du Ciel et de la Terre, père de l’Aurore, du Soleil, de la Lune et de tous les astres.

(11) Rhode, nymphe de l’île de Rhodes, était fille de Neptune et de Vénus ; Apollon en eut sept enfants.

(12) La nymphe qui donna le jour à Circé est Persa, une des Océanides. Apollon eut d’elle Actes, Perses, Circé et Pasiphaé.

(13) Clytie était une nymphe, fille de l’Océan et de Thétis, ou d’Eurynome et d’Orchame, roi de Babylone.

(14) L’histoire et les mythographes se taisent sur cette Eurynome, femme d’Orchame.

(15) La Perse reçut ce nom, d’Achémène son premier roi, et les poëtes désignent souvent ses habitants sous le nom d’Achéméniens.

(16) Bélus, fils de Neptune et de Lybie, fut le premier roi et le premier dieu des Assyriens, et le fondateur de Babylone.

(17) Consultez sur la métamorphose de Daphnis, Diod. de Sic. liv. IV, ch. 87 ; Élien, hist. div., liv. X, ch. 18 ; Théocrite, liv. 4, idyl, 7 ; Virgile, ég. V.

(18) Scython est un personnage mythologique peu connu.

(19) Celinis, l’un des Curètes, fut le père nourricier de Jupiter, qui le changea en diamant pour le punir de son indiscrétion.

(20) Les Curètes étaient un peuple fabuleux de l’île de Crète ; leur mythologie est pleine d’obscurité et de confusion.

(21) Salmacis était une fontaine de Carie, à laquelle on attribuait la propriété d’amollir et d’efféminer ceux qui s’y baignaient ou qui buvaient de ses eaux. Suivant Strabon, les poëtes ont appliqué à la fontaine la mollesse des habitants du pays.

(22) Cette fable est née sans doute de ce que Mercure et Vénus avaient un temple près de cette fontaine.

(23) Le Cytorus était une montagne de la Paphlagonie.

(24) Les païens croyaient que les magiciennes de Thessalie pouvaient, par leurs enchantements, attirer la lune sur la terre, et qu’il fallait, pour la faire remonter à sa place, un grand bruit de divers instruments d’airain.

(25) Ino était sœur de Sémélé et épouse d’Athamas.

(26) Homère (Odyssée, ch. XI) représente les ombres plaidant au tribunal de Minos.

(27) Cerbère, chien de Pluton et portier des enfers, était né de Typhon et d’Échidna.

(28) La source de toutes ces fictions est dans Homère (Odyss., ch. XI.)

(29) Sisiphe, roi de Corinthe, célèbre par sa fourberie, fut précipité, dit-on, dans les enfers, pour avoir enchaîné la Mort dans son palais.

(30) Ixion, roi de Thessalie, fut foudroyé par Jupiter, pour avoir cherché à séduire Junon.

(31) Les filles de Bélus, littéralement les petites-filles de Bélus ou les Danaïdes, filles de Danaus.

(32) Hygin et Apollodore racontent diversement cette fable.

(33) Ovide raconte encore cette fable dans le IVe livre des Fastes.

(34) Abas, roi d’Argos, fils de Lyncée et d’Hypermnestre, et aïeul de Persée, fut le fondateur de la ville d’Aba en Phocide ; ses successeurs furent appelés Abantiades.

(35) Persée, roi d’Argolide, fils de Jupiter et de Danaé, et l’un des plus célèbres héros de l’antiquité, fut le fondateur de Mycènes, et mis au nombre des dieux après sa mort.

(36) Danaé était fille d’Acrisius et d’Eurydice ou Aganippe. Ovide en parle encore dans la XIXe élégie du IIe livre des Amours et dans le IIIe livre de l’Art d’aimer.

(37) Atlas, géant, était fils de Japet, ou d’Uranus, ou de Neptune, et frère de Prométhée, roi de Mauritanie. Ses connaissances astronomiques, auxquelles il dut l’invention de la sphère, firent supposer qu’il portait le ciel sur ses épaules.

(38) Il est ici question du jardin des Hespérides, filles d’Hespérus, frère d’Atlas. Hésiode le transporte au delà de l’Océan, à l’extrémité du monde. Apollodore, d’après la tradition la plus suivie, le place vers le mont Atlas.

— Vossius trouve dans cette fable un tableau des phénomènes célestes : les Hespérides sont les heures du soir ; le jardin représente le firmament, les pommes d’or les étoiles, le dragon le zodiaque ou l’horizon qui coupe l’équateur à angles obliques ; enfin, Hercule ou le soleil enlève les pommes d’or, c’est-à-dire qu’il semble faire disparaître du ciel tous les autres astres.

(39) Le petit-fils d’Hippotas était Éole.

(40) Céphée était fils d’Agénor, ou de Bélus, ou de Phénix, roi d’Éthiopie ou plutôt de Phénicie, connue alors sous le nom de Joppie, et l’un des Argonautes. Il fut changé en constellation après sa mort.

— Cassiope, mère d’Andromède, avait eu la vanité de se croire plus belle que Junon ou que les Néréides : pour venger cette injure, Neptune inonda les états de Céphée qui, suivant l’oracle, ne put obtenir la fin du désastre qu’en exposant sa fille à un monstre marin.

(41) Ammon est le plus ancien des surnoms de Jupiter, adoré sous ce nom en Libye, où il avait un temple et un oracle.

(42) Selon Pausanias, Persée puisa cette eau dans une fontaine voisine de Joppé, en Judée.

(43) Les anciens regardaient le corail comme une plante marine ; il est aujourd’hui reconnu pour appartenir au règne animal.

(44) En plaçant le séjour des filles de Phorcys sous les flancs de l’Atlas, avant que Persée eût coupé la tête de Méduse, Ovide oublie qu’il vient de raconter la métamorphose d’Atlas en montagne, par Persée, armé de la tête de la Gorgone.

(45) Suivant Paléphate, il faut entendre par cet œil un homme sage, conseiller des Gorgones, et qui se laissa gagner par Persée.

(46) Chrysaor était ainsi nommé, suivant Hésiode, de χρυσός or, et άορ épée, parce qu’il portait une épée d’or lorsqu’il naquit du sang de la tête de Méduse.

(47) Méduse, reine des Libyens, selon Pausanias, marcha à leur tête contre Persée, qui avait avec lui quelques troupes d’élite du Péloponnèse. Elle fut tuée par trahison, et Persée fut tellement frappé de sa beauté, même après sa mort, qu’il emporta sa tête pour la montrer aux Grecs.