Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/631

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l'avait porté avant lui."

Érato se tait et attend de nouvelles questions. [4, 350] "Dis-moi pourquoi la déesse semble vouloir s'enrichir de nos modiques aumônes." - "Ce sont les offrandes réunies du peuple, répondit-elle, qui fournissent à Métellus l'argent nécessaire à la construction du temple. Voilà l'origine de ces aumônes qui se recueillent encore." - Pourquoi alors s'invite-t-on les uns les autres plus souvent qu'à une autre époque de l'année? Pourquoi prend-on ce jour pour donner et rendre des festins?" - [4, 355] "Parce que, répondit-elle, la déesse de Bérécynte a heureusement changé de séjour; on cherche le même présage en changeant aussi de demeure." - "Pourquoi les jeux mégalésiens sont-ils célébrés les premiers dans notre ville?" -- "Les dieux, me répondit- elle (car elle m'avait compris), les dieux sont fils de Cybèle: ils devaient cette déférence à leur mère, [4, 360] et c'est elle qui la première reçoit les honneurs sacrés." - "Mais pourquoi le nom de Galles donné à ces prêtres qui se sont mutilés, quoiqu'il y ait tant de distance entre la Phrygie et la Gaule?" -"Entre le verdoyant Cybèle et la haute Célènes, un fleuve, le Gallus, roule ses ondes insensées. [4, 365] Celui qui boit à ces eaux devient fou. N'approchez pas, vous tous qui tenez à votre raison: celui qui boit à ces eaux devient fou." - "Mais n'a-t-on pas honte de servir sur la table de la déesse le moretum, ce ragoût aux herbes? Saurais-tu me dire pourquoi?" -"On rapporte que les anciens se nourrissaient de lait pur et des herbes [4, 370] qui croissaient naturellement dans les campagnes. C'est pour rappeler à la déesse cet aliment antique, qu'on lui offre un mélange de blanc fromage et d'herbes pilées."

Le lendemain, lorsque l'Aurore, fille du géant Pallas, chassant les astres devant elle, aura brillé dans les cieux; quand la Lune aura dételé ses blancs coursiers, [4, 375] dites sans crainte de mentir: En ce jour, autrefois un temple fut consacré à la Fortune publique sur le mont Quirinal.

Le troisième jour, je m'en souviens, on célébrait des jeux; un vieillard qui assistait à ce spectacle, placé tout auprès de moi, me dit: "C'est en ce jour que sur les rivages de la Libye César [4, 380] écrasa l'armée perfide du magnanime Juba. César était mon général; je me glorifie d'avoir servi sous lui comme tribun; c'est de lui que je tins cette charge militaire. La place que nous occupons ici, nous l'avons gagnée, vous à la paix, et moi à la guerre, car vous avez été honoré du décemvirat."

[4, 385] Une pluie soudaine vint interrompre notre entretien; la balance aux plateaux mobiles épanchait les eaux des cieux.

Mais avant que les spectacles aient fini avec le jour, Orion armé du glaive se sera plongé dans l'Océan.

Demain, quand l'Aurore viendra éclairer Rome victorieuse, [4, 390] et que les étoiles en fuyant auront laissé le ciel à Phébus, on verra s'avancer vers le Cirque une foule innombrable, avec les statues des dieux. Des chevaux rapides