Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/647

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la prérogative accordée en cette occasion à la vieillesse, c'est le nom même du mois suivant, du mois de juin, emprunté à la jeunesse."

Calliope, la première des neuf Soeurs, retenant sous une couronne de lierre ses cheveux épars, s'exprime en ces termes: [5, 80] "L'Océan, qui baigne de ses flots le contour de la terre entière, avait autrefois épousé Téthys, fille de Titan. Pleionè, née de cet hyménée, s'unit avec Atlas, qui porte les cieux, et en eut les Pléiades. [5, 85] Une d'elles, Maia, suivant les traditions, surpassa en beauté ses soeurs, et reçut dans son lit le puissant Jupiter. Elle mit au jour, sur le sommet du Cyllène ombragé de cyprès, le dieu qui d'un pied ailé fend les plaines de l'air; c'est lui qu'adorent les Arcadiens, le rapide Ladon et le vaste Ménale, [5, 90] contrée que l'on croit plus antique que la Lune. Évandre, exilé d'Arcadie, vint aborder au Latium, et avec lui il amena ses dieux. Ici, où maintenant s'élève Rome, souveraine du monde, on ne voyait que des arbres et des gazons; çà et là, des cabanes et quelques troupeaux. [5,95] Quand on fut arrivé vers ces lieux, "Arrêtez-vous ici, dit la mère d'Évandre, qui lisait dans l'avenir; cette campagne sera le siège de l'empire." Le héros de Nonacris obéit à sa mère et à la prophétesse; c'est sur ce rivage inconnu que l'étranger va fixer son séjour. Il introduit chez ces peuples le culte de plusieurs dieux, [5, 100] et d'abord celui de Faune au front cornu, celui de Mercure aux pieds ailés. Faune, dieu à demi bouc, ce sont les Luperques qui célèbrent ta fête, quand, la robe retroussée, la main armée de lanières, ils se fraient un passage à travers la foule qui remplit les rues. Mais toi, inventeur de la lyre recourbée, patron des voleurs, tu as donné au mois de Mai le nom de ta mère; [5, 105] et ce n'est pas le seul témoignage de ta piété filiale: si tu as donné sept cordes à la lyre, on pense que c'est pour rappeler le nombre des Pléiades."

Calliope se tut, et ses soeurs la comblèrent d'éloges à leur tour. Mais que fera le poète? elles sont toutes pour lui des autorités également sacrées. Que les Pléiades me soient toutes également propices, [5, 110] et qu'elles reçoivent de moi un égal tribut de louanges.

Que le nom de Jupiter inaugure ces chants! La première nuit va nous montrer l'étoile de la nymphe qui veilla sur le berceau de Jupiter. Voici l'astre pluvieux de la chèvre olénienne, qui se lève; elle est placée au ciel pour prix de son lait. [5, 115] La naïade Amalthée, noble fille de l'Ida crétois, cacha, dit-on, Jupiter au fond des forêts. Elle possédait une chèvre, mère de deux chevreaux, et remarquée pour sa beauté entre tous les troupeaux de la Crète; une chèvre dont les cornes élevées se recourbaient sur son dos, [5, 120] et dont la mamelle était digne de nourrir le grand Jupiter. Elle en donnait le lait au dieu;