Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/649

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les croient petites-filles de Téthys et du vieil Océan. Atlas ne gémissait pas encore sous le fardeau de l'Olympe, [5, 170] quand il lui naquit un fils, Hyas, remarquable par sa beauté. À l'heure voulue par la nature, Aethra, fille de l'Océan, l'avait mis au monde; elle fut aussi mère des nymphes, mais Hyas naquit le premier. Tant qu'un léger duvet couvre ses joues, il n'épouvante encore que les cerfs timides; le lièvre est la faible proie qui tombe sous ses coups. [5, 175] Bientôt son courage augmente avec les années; il ose affronter les sangliers, et attaquer de près les lionnes à la crinière hérissée. Mais un jour qu'il cherche l'asile et les petits d'une lionne qui vient de mettre bas, lui-même il est déchiré par la dent sanglante du farouche enfant de la Libye. Hyas fut pleuré par sa mère, par ses soeurs désolées, [5, 180] par Atlas, dont les épaules devaient recevoir les cieux. Mais la pieuse douleur des soeurs l'emporta sur celle même des auteurs de ses jours; cette piété leur ouvrit les cieux; Hyas leur donna son nom.

Je te salue, déesse des fleurs, toi dont la fête ramène les jeux folâtres. Le mois passé, je me suis abstenu de raconter les solennités de ton culte; [5, 185] elles commencent en avril, et se continuent en mai; ces deux mois te possèdent, l'un à ses derniers, l'autre à ses premiers jours; tous deux ils t'appartiennent par le point où ils se touchent; tous deux ils m'appelaient à chanter tes louanges. Celui-ci voit s'ouvrir le cirque et les théâtres, où le nom du vainqueur fait éclater mille applaudissements. [5, 190] Que le signal des jeux du cirque soit aussi le signal de mes vers; apprenons qui tu es de ta propre bouche; l'opinion des hommes est menteuse; personne mieux que toi ne saura nous expliquer ton nom.

Ainsi parlai-je; la déesse accueille ma demande, et la douce odeur des roses du printemps s'exhale de sa bouche, tandis qu'elle prononce ces mots: [5, 195] "Celle que vous appelez Flore était autrefois Chloris; une lettre de mon nom a été altérée en passant des Grecs chez les Latins. J'étais Chloris, nymphe de ces régions fortunées où tu sais qu'autrefois les hommes voyaient s'écouler leur vie au sein de la félicité. Dire combien j'étais belle coûterait à ma modestie; [5, 200] si ma mère eut un dieu pour gendre, elle le dut à cette beauté. C'était au printemps; j'errais au hasard; Zéphire m'aperçoit; je m'éloigne, il me suit; j'essaie en vain de fuir, je ne puis lutter contre lui. Borée, son frère, l'autorisait, par son exemple, à commettre ce crime, Borée, qui avait osé ravir la fille d'Érechthée dans le palais même de son père. [5, 205] Cependant Zéphire répare sa faute en me donnant le nom d'épouse, et nulle plainte ne s'élève plus de mon lit d'hyménée. Je jouis toujours du printemps; l'année, pour moi, conserve toujours ses richesses, l'arbre son feuillage, la terre sa verdure. Les champs que j'ai reçus en dot renferment un jardin fertile; [5, 210] l'haleine des vents le caresse, une fontaine l'arrose de ses eaux limpides. Mon époux l'a rempli des