Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/893

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résoudre quand le passant prend ses armes, que son oeil fixe d’avance l’endroit où il doit me frapper ? Je ne puis me soustraire à ses atteintes en changeant de place ; mes racines, liens puissants et tenaces, m’enchaînent à la terre. Je suis donc livré à ses coups, comme un criminel aux flèches de la populace, laquelle a réclamé sa victime garrottée, ou comme la blanche génisse, lorsqu’elle voit lever sur sa tête la hache pesante, ou tirer le couteau prêt à l’égorger. Vous avez cru plus d’une fois que le vent seul faisait trembler mon feuillage, mais c’était aussi de frayeur que je tremblais ! Si je l’ai mérité, si je semble coupable, livrez-moi aux flammes ; alimentez vos foyers fumeux de mes débris. Si je l’ai mérité, si je semble coupable, coupez-moi, et que, dans mon malheur, je n’aie du moins à subir qu’un seul supplice ! Mais si vous n’avez pas de motifs de me brûler ni de m’abattre, épargnez-moi, et poursuivez votre chemin.