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OVIDE

Ses yeux, astres brillants qui m’égaraient sans cesse,
Lancent d’aussi charmants regards.
Mais aux femmes les Dieux pardonnent leurs écarts ;
La beauté s’érige en déesse !

Naguère, il m’en souvient, elle attestait nos yeux :
Depuis, les miens versent des larmes.
Dites, si son front brave impunément vos armes,
Dois-je souffrir pour elle, ô Dieux ?
Cassiope pourtant sur sa fille innocente
Vous vit punir sa vanité.
C’est peu que j’aie en vous des témoins sans fierté,
Que de vous, de moi, l’on plaisante :
D’un tel parjure il faut que m’écrase le poids,
Tout ensemble dupe et victime !
Ou la divinité n’est qu’un nom, une frime,
Pour exploiter des villageois,
Ou si quelque dieu règne, il n’aime que les belles
Et leur dit trop de tout oser.
Nous, de son glaive affreux Mars nous vient inciser ;
Nous, Pallas nous traite en rebelles ;
Nous, Phébus nous abat de ses traits souverains,
Jupiter, de sa haute foudre :
Elles seules, les dieux accourent les absoudre ;
Ils les craignent, n’en étant craints.
Et l’on veut que l’encens dans leurs beaux temples fume ?
Hommes, non, ayons plus de cœur !
Zeus brûle bois et murs de son carreau vainqueur ;