Page:Ovide - Métamorphoses, Banier, 1767, tome 1.djvu/18

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Deſcendans ne furent pas long-temps à en altérer la pureté. Les crimes, auxquels ils s’abandonnèrent, affoiblirent bientôt l’idée de la Divinité, & on commença à l’attacher à des objets ſenſibles. Ce qui parut dans la Nature de plus brillant & de plus parfait, enleva leurs hommages ; & par cette raiſon le Soleil fut le premier objet de leur ſuperſtition. Du culte du Soleil, on paſſa à celui des autres Aſtres & des Planètes, & toute la Milice du Ciel, (pour me ſervir de l’expreſſion de Moyſe,) s’attira un culte religieux, ainſi que les Elémens, les Fleuves & les Montagnes. On n’en demeura pas là ; la Nature elle-même fut regardée comme une Divinité, & ſous différens noms, elle devint l’objet du culte de différentes Nations. Enfin, les grands Hommes parurent mériter, ou par leurs conquêtes, ou par l’invention des Arts, des honneurs qui n’étoient dûs qu’au Créateur de l’Univers ; & voilà l’origine de tous ces Dieux que le Paganiſme adoroit.

À cette première ſource, on peut en joindre pluſieurs autres, que je me contenterai de propoſer ici en peu de mots, parce qu’elles ſe trouveront développées dans mes Explications. La première, & peut-être la plus féconde, a été la vanité des hommes, qui les porta à croire que l’héroïſme même, pour paroître plus parfait, avoit beſoin d’être ſoutenu par d’ingénieux menſonges. De-là tout ce faux ſublime qu’on trouve dans l’Hiſtoire des premiers Conquérans.