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MÉTAMORPHOSES D’OVIDE.

PREMIÈRE FABLE.

Le Cahos.

Avant la terre, et l’onde, et l’océan des airs,
Et le ciel étoilé, voûte de l’univers,
La nature sans vie, indigeste, uniforme,
N’était qu’un tout confus, où rien n’avait sa forme.
On l’appela Chaos, mélange ténébreux
D’élémens discordans et mal unis entr’eux.
Le dieu dont la clarté donne la vie au monde,
N’épanchait point les feux de sa chaleur féconde ;
Et le cours de Phœbé ne réglait point les mois.
La terre dans le vide, où la soutient son poids[1],
N’était point suspendue ; et pressée autour d’elle,
Thétis n’embrassait point les longs flancs de Cybèle.
L’air, et la terre, et l’onde, et les cieux confondus,
Dans un amas informe au hasard répandus,
Rassemblaient en désordre et le plein et le vide,
Le froid avec le chaud, le sec avec l’humide,


  1. Nec circumfuso pendebat in aëre tellus
    Ponderibus librata suis

    Ce beau vers d’Ovide donne à croire que les anciens
    philosophes ont soupçonné la gravitation que Newton a
    démontrée.