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ORNEMENTS ITALIENS.

C’est à de Neufforge, cependant, qu’appartient le sceptre dans cette cour de confusion artistique ; et il nous a laissé assez de folies gracieuses dans les 900 planches de son grand ouvrage sur l’ornement. Ce serait hors de place de signaler ici, individuellement, l’un ou l’autre artiste, parmi la masse d’archi tectes, de dessinateurs et de graveurs habiles, auxquels le Grand Monarque et la brillante cour de son successeur donnaient force commandes, libéralement payées. Il y en a un cependant, Jean Berain, dont nous ne pouvons passer le nom sous silence, d’autant plus qu’il occupait le poste spécial de « dessinateur des menus plaisirs du roi, » Louis XIV., et que c’est à lui que nous sommes redevables pour les meilleurs dessins qui rendront le nom de Buhl, célèbre, aussi longtemps qu’on trouvera, parmi le public, des admirateurs de beaux meubles. Il contribua essentiellement à la décoration de la galerie d’Apollon au Louvre, et des appartements d’apparat aux Tuileries, comme le prouve un ouvrage publié en 1710. Daigremont, Scotin et autres ont gravé une autre grande collection des admirables dessins comiques de cet artiste. À l’avènement de Louis XV. au trône, en 1715, les compositions architecturales et ornementales devinrent bien plus rococo et baroques, qu’elles ne l’avaient été pendant la plus grande partie du règne de son prédécesseur. Malgré le beau talent et le bon exemple que l’architecte Souffot déploya dans ses œuvres, les enroulements tors et ornés de feuilles, et les coquilles, en vogue sous Louis XIV., se changèrent sous Louis XV. dans le rocaille et finirent par dégénérer jusqu’aux eccentricités de la chinoiserie. De ce style qui approchait de l’inanition, l’ornement renaquit sous Louis XVI., et il se forma un style élégant, quoique un peu trop linéaire, ressemblant, sous quelque rapport, à celui introduit en Angleterre par Robert Adams, principalement dans ses constructions de l’Adelphi. Le génie de trois hommes capables exerça une influence bienfaisante sur les compositions destinées pour les travaux industriels, à une époque rapprochée de la Révolution : — Reisner, ébéniste, célèbre pour son exquise marqueterie ; Gouthier, ciseleur en cuivre de Marie Antoinette ; et Demontreuil, sculpteur en bois de la famille royale. Pendant la Révolution, le chaos régna en souverain, d’où sortit l’ordre


Panneau pour la marqueterie Reisner, par Fay.

Frise, Louis seize, par Fay.


sous la forme d’une abjuration complète des colifichets de la monarchie en faveur de la sévérité républicaine de David. À mesure que la république s’affaiblit pour faire place à l’empire, la mode abandonna peu à peu le style sévère républicain pour la magnificence impérialiste — Napoléon Ier employa Largement et récompensa libéralement les meilleurs artistes ; et Percier, Fontaine, Normand, Fragonard, Prudhon, et Cavalier, portèrent, par leur talent, le style gracieux et savant, mais raide et froid, de l’Empire, au degré le plus élevé de perfection. À la restauration, l’antique cessa d’être de mode, et la confusion régna de nouveau. Les facultés naturelles du pays, cependant, aidées par des établissements publics conduits d’une manière judicieuse et libérale, ravivèrent bientôt l’intérêt public ; et la rénovation d’un style quasi archéologique, a eu lieu. On rechercha, restaura, et imita de tous

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