Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/223

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Mais les bûchers ne pouvaient rien contre l’attrait du fruit défendu. Au treizième siècle, c’est-à-dire quand la civilisation chrétienne est dans sa fleur, on voit reparaître les doctrines qui divinisaient les astres en soumettant à leurs influences les volontés humaines. L’astrologie a fait sa paix avec les lois, elle a sa place à la cour des princes et jusque dans les chaires des universités. Les armées ne marchent plus que précédées d’observateurs qui mesurent la hauteur des étoiles, et qui règlent sous quelle conjonction il faut tracer un camp ou livrer une bataille. L’empereur Frédéric II est entouré d’astrologues, les républiques italiennes ont les leurs, et les deux partis se disputent le ciel comme la terre[1]. D’un autre côté, on voit recommencer ce qui était au fond du paganisme, c’est-à-dire cette lutte désespérée de l’homme contre la nature, pour la vaincre, non par la science et par l’art, mais par des opérations superstitieuses et des formules. Les adeptes de la magie renouvelaient toutes les observances idolâtriques, ils les renouvelaient non-seulement dans le secret de leurs laboratoires, mais dans des écrits nombreux qui circulaient, protégés par la crainte et la curiosité, à l’ombre des écoles et des cloîtres. Albert le Grand les connut, et quand il énumère les procédés par lesquels ces esprits égarés se vantaient de prévoir et de conjurer l’avenir, on s’étonne de retrouver des superstitions

  1. Libri, Histoire des sciences mathématiques en Italie, t. II, p. 52. Muratori, Scriptores Rerum Italicarum, VIII, 228, XIV, 930 et 931. Villani, Cronaca, VI, 82.