Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

buait lui-même ses reliques. La foule, entraînée à ses oratoires, qu’il érigeait sous sa propre invocation, désertait les églises, et n’écoutait plus la voix des pasteurs. Ces égarements rappelaient les erreurs du gnosticisme, et montraient combien la raison humaine, énervée, par l’idolâtrie, avait de peine à ressaisir la vérité[1]

  1. Othlon, I, 37. Willibald, IX. Bonifacii epist. 54, 60. Zacharias Bonifacio, 57. Bonifacius Zachariae :« Pro sacrilegis presbyteris qui tauros, hircos diis paganorum immolabant, manducantes sacrificia mortuorum.  »« Erronées simulatores sub nomine episcoporum vel presbyterorum. gyrovagos, multos servos tonsuratos qui fugerunt a dominis suis. » Cf. Concilium Romanum, de Adalberto haeretico, apud Giles, Bonifacii Opéra, t. II, p : 40. 25 Gregorius Bonifacio « Qui a presbytero Jovi mactante et immolatitias carnes vescente baptizati sunt. » Les écrivains protestants, et parmi eux Néander (Kirchengeschichte, III, 68 ) , et Rettberg, 1, 312, ne peuvent comprendre la recommandation adressée par Grégoire II à Boniface, d’admettre difficilement aux ordres sacrés les Africains qui s’y présentent, et parmi lesquels se glissent souvent des manichéens. On ne peut supposer, assurent-ils, qu’il y eût des manichéens en Thuringe au huitième siècle, et il faut reconnaître dans ces expressions la reproduction servile d’une formule insérée dans le Liber diurnus, et rédigée premièrement pour l’Italie, au temps où les manichéens y dogmatisaient. La critique luthérienne a en effet quelque intérêt à dissimuler cette tradition du manichéisme, qui traverse les temps barbares, et, par l’intermédiaire des pauliciens, arrive aux albigeois, ces protestants du moyen âge. Mais la présence de plusieurs sectes, et particulièrement des manichéens, dans ces chrétientés naissantes et mal disciplinées que Boniface évangélisait, résulte expressément de sa lettre à Daniel, Ep. 127, où il accuse ces hérétiques qui interdisaient les viandes que Dieu permet : « Abstinentes a cibis quos Deus ad percipiendum creavit. Quidam melle et lacte proprie pascentes se, panem et ceteros abjiciunt cibos. » C’est une des marques caractéristiques du manichéisme et de toutes les sectes qui s’y rattachent. Rettberg (p. 317), préoccupé de l’antagonisme qu’il suppose entre les missionnaires de l’Église bretonne et ceux de l’Églisero maine, ne voit que des Bretons et des Irlandais parmi les adver-