Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/300

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encore la loi ne s’inquiétera pas de savoir quels maîtres il fait asseoir à ses côtés, à quelles écoles il envoie ses fils, et quand Cratès de Mallos viendra ouvrir la première école de grammaire, Carnéade la première école de rhétorique, les pères achèteront au marché quelques-uns de ces philosophes qui se vendaient si cher, qui coûtaient jusqu’à quatre cent mille sesterces par an, et bientôt l’enseignement se répandra tellement, qu’on ne comptera pas, au temps de César, moins de vingt écoles publiques. Cependant les excès des rhéteurs, la facilité dangereuse de cet art qui se chargeait de prouver le pour et le contre, le vrai et le faux, ne tardèrent pas à alarmer la vieille gravité romaine, et alors les censeurs Cnéus Domitius et Licinius Crassus rendirent le décret suivant : « Nous avons appris que certains maîtres introduisaient un nouveau genre de discipline, qu’ils se nommaient rhéteurs latins. Nos ancêtres ont réglé ce qu’il leur convenait de faire apprendre à leurs enfants, et quelles écoles ils voulaient leur faire fréquenter. Ces nouveautés, contraires aux coutumes de nos aïeux, ne nous plaisent point et ne nous paraissent point justes. C’est pourquoi à ceux qui tiennent ces écoles et à ceux qui les fréquentent nous avons cru nécessaire de faire connaître notre décision, savoir que leurs écoles nous déplaisent. »

On voit ici la sévérité censoriale de la vieille Rome, en même temps il faut reconnaître son impuissance, car bientôt cette censure expira et les écoles des rhéteurs se rouvrirent de toutes parts. Ce ne fut que plus