Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/319

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blait qu’on eût hâte de sauver les débris de ce beau langage vers par vers, fragment par fragment, de sauver quelques restes de tant d’auteurs qui allaient se perdre, et dont on ne devait recueillir que des lambeaux conservés par les grammairiens.

Les deux grammairiens éminents de cette époque sont Donatus et Priscien : Priscien, si honoré en Orient, que Théodose le Jeune copiait de sa main les dix-huit livres de ses Institutions grammaticales ; Donatus, qui eut pour disciple saint Jérôme, Donatus commenté avec tant de persévérance à toutes les époques et dont le nom devint synonyme de grammaire. La grammaire de Donat, que nous avons entre les mains, est devenue le cadre, le type de toutes les grammaires modernes ; par sa clarté et sa brièveté elle a subjugué tout le moyen âge ; seulement elle fut pour les différents idiomes qui l’adoptèrent un lit de Procuste, trop court pour quelques-uns, trop long pour d’autres. Ainsi, le Donatus provincialis dit qu’il n’y a que huit parties dans le discours, et il oublie l’article, qui cependant existait dans le provençal. Il y eut de même un Donat français et, comme nous n’avons point de déclinaisons, il fut très-difficile à l’auteur d’y faire rentrer les noms français ; tout cela atteste les services rendus à nos pères et à notre langue par ce vieux maître, que vous lisez peu.

Tout ce prodigieux travail de critique et de grammaire devait se résumer dans un livre qui en contînt les éléments essentiels, les resserrât et les présentât