Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/412

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gique, il a mis sa confiance dans la morale ; en se rendant digne de Dieu, il a pensé qu’il pouvait aussi se rendre capable de le contempler. Ces deux méthodes, l’une qui procède par le raisonnement, par la logique, l’autre qui procède par la contemplation, par l’amour moral, ont constitué deux philosophies : le dogmatisme et le mysticisme.

Je ne veux pas remonter à l’origine du mysticisme et vous montrer dans l’Inde, dès la plus haute antiquité, ces contemplateurs immobiles, résidant toute leur vie sur le point où ils ont établi leur premier séjour, s’interdisant tout mouvement, fixant leurs yeux devant eux et se livrant aux derniers efforts de la privation et de la mortification pour conjurer Dieu et le faire descendre en eux ; d’autre part, ces philosophes spéculatifs qui, éclaircissant les textes des Védas, imaginèrent plusieurs systèmes philosophiques pour éclairer la révélation qu’ils se supposaient donnée. Je laisse cette antiquité trop reculée, et, m’arrêtant à la Grèce, où paraissent aussi ces efforts, où les mystiques, avec Pythagore, font consister la sagesse dans l’abstinence et la continence, où d’un autre côté se montrent les dogmatiques avec Thalès, les sophistes et la moitié de l’école de Socrate, je me contente des résultats qu’aura pu obtenir le génie grec, le plus beau rejeton de l’esprit humain, et je me demande ce qu’Aristote et Platon, les deux plus vastes intelligences que la Grèce ait produites, auront obtenu sur ce point capital auquel tend la raison humaine : la science de Dieu.