Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/103

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toutes ces fumées me montent à la tête, m’enivrent et peuvent me faire manquer ce qui, jusqu’ici, m’a semblé ma carrière, ce à quoi m’appelait le vœu de mes parents, ce à quoi je me sentais assez volontiers disposé moi-même. Cependant ce concours de circonstances extérieures ne peut-il pas être un signe de la volonté de Dieu ? Je l’ignore, et, dans mon incertitude, je ne vais point au devant, je ne cours point après, mais je laisse venir, je résiste, et si l’entraînement est trop fort, je me laisse aller. En attendant, je fais ce que je puis pour mon droit, et quoique peut-être je consacre trop de temps à la science et à la littérature, je ne laisse pas de les considérer comme des occupations secondaires jusqu’à nouvel ordre. Ainsi, une fois passé mon examen de licence, je ne sais plus rien de mon avenir tout est pour moi ténèbres, incertitude mais qu’importe ? pourvu que je sache ce que je dois faire demain, à quoi sert que je connaisse quels seront mes devoirs dans six mois d’ici ? Est-il nécessaire que le voyageur voie le but à découvert, et ne lui suffit-il pas, pour éviter les obstacles, de voir toujours à dix pas devant lui. ? Oh mon ami, j’ai écrit tout ceci pour toi pour toi qui as encore trois grandes années d’études à parcourir avant de prendre position.

Aie un petit cercle d’amis choisis ; lie-toi plutôt avec quelques bons camarades qu’avec des sociétés du monde. Quelques heures passées ensemble au--