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XXXIII
À M.L...
Lyon, 10 novembre 1835.

Mon cher ami,

Votre lettre bien attendue m’est arrivée enfin je vous remercie non pas de m’avoir écrit, mais de m’avoir écrit de la sorte, d’une manière si bonne et si amicale. Je crains, au contraire, que la lettre que je vous ai écrite à Joigny ne vous ait fait quelque peine vous vous êtes aperçu, je suis sûr , qu’elle avait une certaine tendance à me faire valoir auprès de vous, à vous faire sentir mon amitié. Si vous vous en êtes aperçu, vous ne vous êtes pas trompé. Je vous l’avoue, mon cher ami, malgré tous mes efforts, je sens toujours au fond de mon cœur l’aiguillon de l’égoïsme. Je tiens infiniment à l’estime et encore plus à l’affection d’autrui. Vous savez combien de fois a Paris, causant avec vous, je mendiais pour ainsi dire des éloges ; plus souvent encore, j’ai mendié indirectement quelques paroles de bienveillance de votre part je vous harcelais dans votre silence, parce que je le prenais pour de la froi-