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XXXIV
À M.L...
Lyon, 23 novembre 1835.

Mon cher ami,

Votre bonne lettre que j’ai reçue, il y a environ un mois, m’a été d’une grande consolation; rien n’est en effet plus consolant que le souvenir de ceux auxquels on est étroitement attaché par le coeur. Je crois vous l’avoir déjà dit les douceurs de la famille sont bien précieuses, le sang .a des droits innés et imprescriptibles ; mais l’amitié a des droits acquis et sacrés des jouissances qui ne se suppléent pas ; les parents et les amis sont deux sortes de compagnons que Dieu nous a donnés pour faire la route de la vie, la présence des uns ne peut faire oublier l’absence des autres. Faut-il donc que nous ne puissions avoir de bonheur sans mélange, ni de plaisirs sans regrets ? Que nous ne puissions nous rapprocher de ceux qui nous sont chers qu’en nous séparant d’autres qui nous sont chers aussi ? Dieu veut-il par ces séparations continuelles nous faire faire un apprentissage de la mort ? Nous ne