Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/202

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donc faire un pas en avant sans m’entendre crier : Gare! Je suis resté des jours entiers dans ma a chambre sans pouvoir écrire une ligne. D’autres fois je passais de longues heures avec ma mère et mon petit frère occupé à faire l’enfant, et j’oubliais mon rôle austère d’écrivain.

Enfin, Dieu merci, je suis arrivé au terme, et hier j’ai envoyé la fin. Je crains d’avoir mutilé, abîmé une histoire magnifique, pleine d’utiles leçons pour le siècle présent. Ce n’était pas un article. qu’il fallait faire sur saint Thomas, c’était un livre .[1] Mais pour cela il fallait que le livre fût bon. Dieu sait du moins que j’ai eu l’intention de bien faire, et que deux fois, étant allé à Fourvières, je -me suis agenouillé devant l’autel de saint Thomas de Cantorbéry et lui ai demandé, avec le peu de. ferveur dont je suis capable, de m’assister dans un travail entrepris à sa gloire. Dans tous les cas, ce travail ne me sera pas sans fruit j’espère que ce ne sera pas en vain que j’aurai vu de si près un grand Saint, que je serai descendu en quelque sorte jusque dans ses entrailles, j’espère que j’en aurai rapporté quelque souvenir qui ne me sera pas inutile dans les combats de la vie. J’aurai appris, d’un autre côté, combien la science est insuffisante pour conduire l’homme à l’accomplissement de ses destinées immortelles.

  1. Œuvres complètes de A.-F. Ozanam, t. VII.