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XXXVI
À M. DUFIEUX
Paris, 8 février 1836.

Mon cher ami,

J’ai reçu, il y a peu de jours, votre bonne lettre, et je vous en remercie de grand cœur. Ces quelques lignes, tracées par une main amie, viennent si bien renouer la chaîne entre deux âmes que la distance des lieux a séparées Quand deux hommes cheminent ensemble, c’est assez leur coutume de marcher du même pas, ils partent en même temps du pied gauche et, pendant un certain temps, ils gardent d’une façon instinctive ce mouvement égal ;cependant, peu à peu l’un se ralentit ou bien l’autre se presse ; et alors il faut que d’un regard ils se remettent en harmonie, et que de nouveau ils régularisent leur marche. Il en est ainsi de deux âmes sœurs qui s’avancent ensemble dans le chemin de la vie ; il faut que de temps à autre une parole, un regard échange harmonise leurs mouvements et rétablisse leur concert. Surtout si de ces deux l’une est moins forte et plus facile à découra-