Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

derrière lui emblème admirable de cette institution que nous voyons toujours debout et immobile, tandis que nous passons sur les flots du temps, et. sur laquelle se couchera encore le dernier soleil de l’humanité.

Comme dans un voyage il faut toujours un peu de désappointement, c’est à Naples que j’ai eu le mien. Sans doute j’y ai trouvé un ciel admirable, une végétation réunissant la fraîcheur du Nord avec la vigueur du Midi ; j’ai connu ces extases auxquelles nul voyageur n’échappe en face de la baie, d’une mer étincelante, qu’étreignent entre leurs bras des rivages pittoresques ; des îles semées comme à dessein pour le plaisir des yeux terminent la perspective, tandis que d’un côté s’élèvent la forme pyramidale du Vésuve couronnée d’un nuage d’éternelle fumée. Sans doute j’ai visité des lieux consacrés par les plus grandes scènes de l’histoire : ceux où débarqua saint Paul, où expira Tibère, où périt Agrippine, où repose Virgile, où saint Thomas d’Aquin enseigna, ou tomba la tête de Conradin. Mais ces souvenirs ne sont pas environnés d’un culte pieux. Le musée Bourbon, l’un des plus riches du monde, est tenu comme une boutique de curiosités sous la garde de mercenaires inintelligents. Les ruines de Pompéi qui, par la petitesse de leurs proportions, trompent déjà l’attente, désolent encore par leur abandon, par l’avarice qui retarde les fouille, et par la rapacité qui en détourne les plus beaux produits.