Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/53

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Je ne suis point encore retourné chez M. de Chateaubriand, j’attends la lettre de M. Bonnevie[1] qui me fournira une nouvelle raison de m’y présenter. J’avais vu M. de la Mennais la veille de son départ pour Rome, j’ai beaucoup causé avec lui. Tous ces savants de Paris sont pleins d’affabilité.

J’ai vu hier M. Serullas[2]; c’est un excellent homme, mais doué au plus haut degré de la distraction scientifique. Je l’ai trouvé occupé à des manipulations chimiques, qu’il s’est bien gardé d’interrompre tout en m’accueillant fort bien et en me régalant de temps en temps, comme il le disait lui-même, de l’inflammation de quelques fragments de potassium. Mais il n’était point en veine et son expérience n’a pas réussi ; il m’a emmené dans son cabinet, m’a beaucoup parlé de vous, mon père, auquel il paraît fort attaché et m’a offert ses services.

Cet homme est très-vif, il vous ressemble en ce point ; mais il est tout absorbé dans son affaire et ne connaît que sa chimie.

C’est singulier comme tout le monde est instruit

  1. «M. l’abbé de Bonnevie, chanoine de Lyon, homme de-ce grand air sacerdotal que j’ai vu a plusieurs membres de l’ancien clergé français, et qui annonçait tout ensemble la distinction de la nature et l’élévation de la grâce, M. de Bonnevie aimait les jeunes gens ; il les accueillait bien, et la mémoire de son coeur lui a survécu plus que ses sermons.» (R. P. Lacordaire.)
  2. Charles Serullas, professeur de chimie à l’hôpital du Val-de-Grâce, connu par de célèbres découvertes de chimie.