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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

ce cérémonial, cette chaise gestatoire, ces éventails de plumes de paon, ce dais, ces degrés du trône couverts d’officiers ecclésiastiques et civils, tous ces détails d’une étiquette qu’on est tenté de blâmer quand on ne la comprend pas, prennent un grand intérêt historique lorsqu’on y reconnaît les derniers vestiges du cérémonial romain sous les empereurs. C’est à la fabuleuse donation de Constantin qu’on faisait remonter le droit qu’avaient les papes de s’attribuer les insignes impériaux, la couronne, la chaise, les plumes, etc. Si la donation est apocryphe, les souverains pontifes n’en ont pas moins légitimement recueilli l’héritage de l’ancien empire. Ils ont sauvé Rome, ils l’ont arrachée, interdite aux barbares. Ils ont continué la conquête civilisatrice. Ils n’ont pas cessé de faire la loi, de rendre la justice, de mettre la paix parmi les hommes. pacisque imponere morem. Ils ont conservé la langue, les formes législatives, les arts de l’antiquité. Il était naturel qu’ils en retinssent les usages publics. Ainsi c’est peu de chose que cette faible représentation du Sénat de Rome, et cependant c’est beaucoup d’avoir maintenu au moins le nom du corps sénatorial, qui est comme le premier noyau de la municipalité romaine et de toutes les communes européennes. Le prince assistant au trône rappelle l’alliance du clergé et des laïques, d’où résulte l’harmonie de l’Église. Quoi de plus beau que ces deux évêques Grec et Arménien dans leurs costumes