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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM




III


À M. FALCONNET


Paris, 31 janvier 1842


Mon pauvre ami,

Au moment où je déplorais la mort inattendue de mon cousin Louis Coste, j’ai reçu la nouvelle d’une perte bien plus douloureuse. Ces coups redoublés, tombant l’un après l’autre sur ma malheureuse famille, tombent aussi sur moi. En voyant disparaître en si peu de temps plusieurs encore de ceux que j’aimais, j’ai senti se renouveler tous mes tristes souvenirs. Je me suis rappelé qu’il y deux ans et demi vous veniez vous associer à mon deuil. Je me suis mêlé au vôtre je l’ai accompagné de mes pensées et de mes larmes. J’ai pleuré avec toi, mon ami, j’ai cherché la main pour la serrer, ton cœur pour le presser contre mon cœur, pour confondre ensemble notre désolation d’aujourd’hui, comme se confondaient nos affections d’autrefois. Car il en était ainsi : dans ton excellente mère, je retrouvais un peu la mienne ; elle m’en donnait le