Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/156

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de lui-même qui le met en état de tout souffrir de là, cette auréole de sainteté qui éclaire sa belle physionomie, et cet accent chaleureux qui anime ses paroles. Nous avons eu l’honneur d’être reçus en audience particulière, et Sa Sainteté a voulu faire asseoir ma femme, caresser et bénir ma petite fille de dix-huit mois. Le pape nous a parlé de la France, de la jeunesse des écoles, des devoirs de l’enseignement, avec une noblesse, avec une émotion, avec une grâce inexprimables. Comme je lui disais que la juste popularité de son nom hâterait encore le retour des esprits au catholicisme « Je sais bien, a-t-il répondu, que Dieu a fait ce miracle, et que tout à coup les préventions contre le Saint-Siége se sont changées en respect et en amour ; et ce qui me confond, c’est que pour ce changement il ait voulu se servir d’un misérable comme moi. » Ces mots étaient dits avec une humilité si sincère, si touchante dans le vicaire de Dieu, que nous en avons été émus jusqu’aux larmes.

Il faut vous dire, puisque vous êtes père et que vous comprendrez mon orgueil, que ma petite Marie se conduisit comme un petit ange ; qu’en nous voyant, sa mère et moi, agenouillés devant le pape, elle se mit à genoux toute seule, joignant ses mains avec un petit air de vénération, et le pape en fut si content, que trois ou quatre jours après il eut la bonté de s’en souvenir et de dire à un prêtre français en lui parlant de nous: « Ils m’ont amené