Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/175

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tée éclairée que par quelques pots de flammes de Bengale allumés sur les terrasses des palais voisins.

Ainsi personne n’a eu l’idée de continuer le plaisir de la promenade aux flambeaux, comme parmi tant de cris, personne n’avait eu la pensée de crier contre l’Autriche, contre le cardinal Lambruschini, contre les partisans de l’ancien gouvernement rien qui marquât ni de la haine ni de l’animosité, rien que du respect et de l’amour. Du reste, dans une si grande foule, avec des voitures et des chevaux, aucun désordre, pas un sot qui eût, comme on l’aurait a Paris, du plaisir à effrayer les femmes j’aurais pu y laisser aller petite Marie avec sa bonne, tant il y a de sagesse, de dignité, d’obligeance même dans ce peuple. A neuf heures et demie nous quittions la place du Quirinal avec les derniers groupes, et nous rentrions en trouvant les rues calmes et silencieuses comme elles le sont à minuit. Ces Romains étaient allé dormir comme d’honnêtes enfants qui, avant de dormir, avaient voulu dire bonsoir à leur père.

Voità comment nous avons eu la bénédiction du Pape avant de partir. Aussi avons-nous fait bon voyage, et en six jours nous sommes arrivés à Florence, en visitant la cascade de Terni et la ville d’Assise. Je crois qu’il n’y a pas de sanctuaire, même à Rome, où j’aie éprouvé des impressions plus douces qu’en entendant la messe au tombeau