Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/183

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din où il se précipita dans les ronces pour sauver sa chasteté. Les ronces se changèrent en rosiers sans épines, qui refleurissent encore toutes les années. J’en ai cueilli pour vous quelques feuilles, flétries et décolorées maintenant, comme les souvenirs de ce voyage si tristement fini.

Si nous avons beaucoup vécu avec les morts, comme il convenait à notre chagrin, nous n’avons pourtant pas oublié les vivants. Je regarderai comme un des grands bonheurs de ma vie de m’être trouvé à Rome pendant cet hiver de 1847, au milieu des glorieux débuts du pontificat de Pie IX ; d’avoir vu de près cet admirable pape, d’avoir assisté à ce réveil général de l’Italie, qu’il a tirée d’un sommeil bien voisin de la mort. Assurément, la popularité d’un pape ou son impopularité n’est point ce qui doit affermir ou ébranler la foi ; mais le cœur se remplit d’un doux. et tendre orgueil à voir le Père en qui l’on croit, entouré de tant d’admiration et d’amour.

Vous allez croire que nous sommes des saints. Mais, mon bon ami, combien il s’en faut, pour ma part ! Je n’ai pourtant pas perdu tout à fait mon temps, et je me suis, tant bien que mal, acquitté de la mission dont le ministre m’avait chargé. J’ai trouvé beaucoup de complaisance chez les bibliothécaires, et quelques documents curieux dans les bibliothèques, et je rapporte de quoi publier, si l’on veut, un volume intéressant de pièces iné-