Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/191

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fonce vers le pays de Schwitz et de Glaris, au sud, les montagnes d’Appenzell couronnées de neige se montrent derrière des collines boisées ; d’autres collines, chargées de bois de pins, s’élèvent du côté du nord tout ce paysage a une majesté qui n’est pas sans douceur. Mais au lieu de la solitude, des monuments sacrés, qui répondraient à la grandeur et à l’antiquité des souvenirs, je n’ai trouvé qu’une église construite avec le luxe et le goût détestable du dix-huitième siècle, deux hauts clochers flanquant une abside mesquine et surchargée d’ornements de somptueux bâtiments monastiques de la même époque, à demi ruinés maintenant et envahis par les administrations civiles ; enfin, une ville manufacturière et marchande, vivant de petite industrie et de petit commerce, où l’on ne fait plus de théologie, plus de grec ni de latin, mais d’admirables mousselines. Le monastère est remplacé par un chapitre, à la tête duquel on vient de mettre un évêque, accepté à grand’peine par les grands esprits du lieu. De tant de vieilles gloires, il ne reste que la bibliothèque en partie dévalisée au dernier siècle par ceux de Zurich. La ville a tué l’abbaye, qui fut sa mère.