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EINSIEDELN.
juin 1847.

Einsiedeln nous a consolés de Saint-Gall. Cette grande colonie monastique qu’on trouve tout à coup dans une gorge sauvage, où l’on ne s’attendait à voir que des chalets et des pâtres, surprend et repose les yeux. Au cœur du canton de Schwitz, entre le lac de Zurich et celui des Quatre-Cantons, au pied du mont Etzel couvert de sapins, et au-bord d’un torrent, s’élève l’abbaye d’Einsiedeln, malheureusement reconstruite au siècle dernier, mais au moins encore debout, encore peuplée de ses religieux bénédictins, encore en possession de sa riche bibliothèque, de sa juste réputation de science et de régularité.

Quelle admirable histoire que celle de saint Meinrad, ce noble Germain du neuvième siècle, qui, après avoir été la lumière du couvent de Reichenau, alla servir Dieu dans la solitude, et y mourir sous les coups de deux meurtriers ! Sur son tombeau s’érigea la chapelle de Notre-Dame des Ermites, et la vénération des peuples, s’y attacha le ciel s’ouvrit pour la bénir, et ce fut la croyance universelle que