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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

tentations mélancoliques qui ne manquent guère d’y venir.

Tu auras bientôt dix-huit ans, c’est l’âge où il m’a fallu quitter tout, car nous avions tout alors, et arriver ici, où je n’avais pas, comme tu les as, un frère, de nombreux parents et des amis. Au lieu de cela, une chambre presque toujours déserte, des livres qui n’avaient pas pour moi de souvenirs, des figures étrangères. Souvent depuis l’heure du repas jusqu’à minuit, la lueur de la lampe et la braise du foyer étaient mes seules compagnes et alors, en reportant mes pensées sur ceux que je ne voyais plus, je me demandais si, en retournant un jour à Lyon, je les y retrouverais.

Pour toi, quelle que soit la volonté de Dieu, quelque part que ta vocation le conduise, tu trouveras un frère qui te servira de guide et d’appui tu auras des voies préparées, un entourage ami, des périls moins nombreux. Sans doute il faut continuer à demander la lumière d’en haut pour que la lumière te soit donnée. Tu es dans une de ces époques de la vie où les facultés prennent un rapide accroissement : on se sent mûrir et grandir. Il faut tendrement remercier Dieu qui fait en nous cet ouvrage, et lui demander la grâce d’user saintement de ces bienfaits.

Mais en ce moment tu dois être exclusivement occupé de tes compositions et ensuite de ton examen. M. Noirot te conseille parfaitement : c’est dans