Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/320

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des affluèrent, et sur le tombeau du fou s’éleva, comme une autre fleur, cette charmante église de Notre-Dame du Fol-Goat, toute chargée des plus précieuses ciselures de l’art gothique. Un peu plus loin nous trouvions Saint-Pol de Léon, dont les clochers se dessinent si bien sur un paysage mélancolique et tout près de la mer. Mais au-dessus de tous s’élance le roi des clochers, le Cresker, le plus beau de ceux que j’ai vus, parce qu’il est le plus hardi et le plus harmonieux. Il n’a que trois cent soixantedix pieds de haut, cinquante de moins que la flèche de Strasbourg. Mais la flèche de Strasbourg, qui devait avoir cinq cents pieds, a été tronquée, elle manque de ces proportions exactes que j’admirais à Saint-Pol. Elle s’arrête dans son essor, tandis qu’on ne voit pas de raison pour que celle-ci ne parte pas un jour comme la flèche d’un arc pour percer le ciel.

Nous étions à Morlaix le 8 au soir. Nous avons été accueillis de la manière la plus affectueuse, hébergés pendant trois jours par une famille que nous ne connaissions point, et qui n’a d’autres liens avec nous que ceux de Saint-Vincent de Paul. J’y ai visité une conférence naissante, mais pleine d’activité puis on m’a forcé de pérorer au congrès ou les savants de Bretagne s’étaient réunis pour traiter de l’amélioration de la race chevaline et des pierres druidiques ; pour couler à fond la question des Bardes et celle des engrais. Ainsi j’ai beau fuir le