Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/323

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plus beaux jours, vous vous souviendrez tout à coup de celle que vous avez perdue, et vos yeux se mouilleront encore. Je connais cette douleur, j’ai le droit de la plaindre, mais j’ai le droit de vous dire aussi qu’à cette amertume se joint une douceur singulière, quand on a pu s’agenouiller auprès d’une mère mourante, qu’on a reçu sa dernière bénédiction, qu’on l’a vue mourir de la mort des saints. Ce n’est pas seulement un souvenir qui nous reste, ce n’est pas seulement l’espérance d’avoir pour protectrice auprès de Dieu celle qu’on avait pour gardienne sur la terre : c’est la certitude d’être encore en communication étroite avec elle ; c’est le sentiment de sa présence auprès de vous, et comme la chaleur de son aile qui n’a pas cessé de vous couver. Que de fois dans mes peines, tout à coup et quand j’y pensais le moins, j’ai cru entendre cette voix qui me rendait le courage ! que de fois aussi, dans un jour de joie et de succès, il me semblait qu’elle venait en prendre sa part et qu’elle se félicitait de nous voir heureux ! Je ne puis point traiter ceci d’illusion : c’est quelque chose de trop vif et de trop pénétrant, qui m’atteste que ma bonne mère vit encore avec moi, quoique d’une meilleure vie. La vôtre, cher ami, ne vous abandonnera pas elle vous gardera dans cette foi qu’elle demandait pour ses enfants, dans cette charité dont elle vous donnait de si beaux exemples, dans toutes ces vertus qui faisaient son orgueil et qui font l’honneur