Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/327

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l’histoire littéraire des temps barbares. Avant de considérer les périls que la barbarie fit courir à l’esprit humain, il m’a parti nécessaire d’examiner où en était l’esprit humain au moment où la barbarie allait devenir maîtresse, ce qu’il avait à perdre, ce qu’il avait peut-être à gagner, ce qu’il fallait arracher au grand naufrage, et je me suis trouvé conduit à l’étude du cinquième siècle comme introduction à l’histoire des siècles suivants. Le sujet est beau, mais j’hésite à l’entamer, je le sais trop et trop :trop peu pour avoir la conscience au repos ; comment parler de tous ces grands hommes, sans avoir vécu dix ans avec eux ; et cependant je sens que si je ne m’en tiens pas à mes études de l’an passé, si je les reprends pour les approfondir, l’attrait et la difficulté me retiendront, je n’en sortirai plus, et l’introduction dévorera l’histoire qu’elle devait précéder. D’un autre côté, je sais trop, trop de détails, trop de ces aperçus qui auraient leur place dans une étude spéciale du cinquième siècle ; je risque d’y perdre de vue ce qui ferait l’intérêt particulier de mon travail, c’est-à-dire les premiers germes des idées, des doctrines, des inspirations qui doivent occuper le moyen âge. Hors de là, je ne ferai qu’un livre de redites et de banalités. Je me défie aussi de la monotonie et de la solennité de mon style. Certainement les Germains ont bien fait leur chemin grâce à vous mais je n’ai pas d’illusion paternelle, et je