Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/376

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vrent des cours plus étroites encore, bordées de hautes maisons. Là s’entassent, les indigents : on les loge à ta semaine : une chambre moyenne coûte ordinairement de trois à quatre schellings par semaine, c’est-à-dire de deux cents à deux cent cinquante francs par an. Beaucoup de familles sont trop pauvres pour supporter seules le poids de ce loyer, elles se réunissent afin d’en partager le fardeau.. Elles ne connaissent plus même cette dernière satisfaction qu’ont chez nous les plus misérables ménages, la satisfaction d’être chez soi. J’ai vu une chambre et un étroit cabinet que venaient d’habiter quatorze personnes. Depuis quelque temps les règlements de police ne permettent plus de loger dans les caves ; mais la misère, plus forte que tous les pouvoirs, oblige beaucoup d’ouvriers à chercher ce dernier refuge. J’ai vu, dans une cave, une seule chambre occupée par deux ménages se composant de neuf personnes. Il n’y avait que trois lits ; et telle est la détresse de ces pauvres gens, que bien peu songent à donner des lits différents aux enfants de différents sexes. Je sais que la charité catholique les visite, que l’aumône et la parole, qui rend l’aumône douce et honorable, descendent dans ces tristes réduits. Je sais qu’il y a un mois l’allégresse régnait dans un de ces quartiers habités par les malheureux Irlandais. A la suite d’une mission qui avait converti bien des cœurs, le cardinal Wiseman était venu prêcher et bénir une assemblée de quatre