Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/490

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piques. Sans doute nos avaries de dimanche dernier et les pluies de cette semaine ont un peu refroidi cette chaleur. Mais ce soir le temps redevient beau, d’ailleurs l’extrême douceur de l’air est toute consolante pour ma personne. Je continue donc de me soutenir, et les forces que le traitement de mon frère m’avait rendues ne s’en vont pas. J’espère bien que j’achèverai de renaître au printemps. Quelle que soit la volonté de Dieu, il faut que je l’attende avec amour, puisqu’il mêle tant de joies aux amertumes de son calice. Ma belle-mère, ma femme, et ma petite fille, sont toujours pour moi comme les trois anges dans la maison d’Abraham, avec la différence qu’elles me servent, quand je voudrais les servir et vivre pour elles. Ma femme et ma mère craignent que ces anges ne vous fassent sourire. Mais je viens d’en voir tant et de si beaux de Guirlandaio et de Benozzo Gozzoli que je ne rêve plus autre chose. Mon Dieu quand donc aurons-nous fini d’admirer le Campo Santo ? Noé, le Triomphe de la Mort, les Pères du Désert, tout est jeune et nouveau comme au premier jour.

Ceux qui m’entourent me comblent de bontés, et les absents me touchent par la tendre fidélité de leurs affections, ce n’est pas assez vous voulez en multiplier le nombre et vous me promettez la connaissance de M. de Tocqueville. Dites-lui d’avance combien cet espoir me charme et m’honore.