Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/511

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

del Vago, le plus fidèle disciple de Raphaël. Si au sortir de la basilique, la pluie un moment suspendue permet de faire le tour de la place, de considérer la façade avec ses quatre étages de sveltes colonnades, le baptistère avec, sa coupole byzantine et derrière les anciennes murailles qui ont vu tant d’assauts, alors on revient l’âme assez nourrie de poésie pour essuyer encore sans murmure de longs jours de captivité, comme les saints après leurs extases et leurs visions supportent plus patiemment les ennuis de la vie.

Mais vous connaissez toutes ces émerveilles, et vous aimeriez probablement mieux que je vous dise où en est le peuple. chez qui je vis. Vous savez s’il est facile de juger un peuple en deux mois, et surtout s’il faut généraliser ses jugements dans un pays comme l’Italie où chaque villes ses mœurs, où l’on ne dit pas : Je suis Toscan, mais je suis Pisan, Siennois, Florentin. Je vous conterai donc qu’à Gênes, la cité démocratique entre toutes, j’ai retrouvé à peu près la physionomie de Paris à la fin de 1848 : les magasins des libraires étalant les brochures les plus hardies, le protestantisme, le fouriérisme et toutes les sortes de socialisme affichant leur propagande, la garde nationale partout, et de plus une espèce de garde nationale mobile qui m’a paru aussi égrillarde et moins, disciplinée que la nôtre. D’un autre côté, un grand réveil du catholicisme dans ce pays trop longtemps endormi