Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/516

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assez grave albuminurie. Depuis lors on m’a mis en traitement, et le progrès du mal paraît s’être arrêté. Mais il a fallu s’enfermer à Pise, renoncer à accompagner ma belle-mère à Rome, renoncer aux cérémonies de la semaine sainte, à la consolation de baiser encore les pieds de Pie IX, et de visiter une fois de plus le tombeau des Saints Apôtres. Le séjour de Pise n’est pourtant pas sans douceur. D’abord le froid n’y descend jamais aussi bas qu’à Florence, et si nous y avons vécu dans un bain, c’était dans un bain tiède. Ensuite, dès que le ciel suspend ses cataractes, nous avons pour y rêver tout à notre aise un des plus beaux lieux de l’univers : la place de Pise avec ses quatre monuments : la cathédrale, la tour, le baptistère et le Campo Santo, les plus héroïques souvenirs des croisades italiennes, les premiers et quelques-uns des plus heureux efforts de l’art chrétien, trois siècles de foi, de poésie et de gloire se réveillent là au premier rayon du soleil tous ces grands hommes revivent, il semble qu’on entre avec eux dans la cathédrale qu’ils ont bâtie ; ils l’ont bâtie en 1063, en un temps où nous n’étions encore que des barbares, cent cinquante ans avant nos belles églises gothiques, et ils ont donné à cet édifice une grâce et une majesté incomparables. Les cérémonies de. la semaine sainte étaient admirables dans cette basilique cependant elles ne m’ont pas empêché de regretter la retraite de Notre-Dame, la vénération des reliques insignes