Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/39

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Augustin, épris de la vie commune, de cette vie pythagoricienne, qu’il rêvait autrefois à Milan avec ses amis, devenu évêque d’Hippone, fonda des monastères et leur prescrivit des règles empreintes de cette sagesse et de cette modération qui font le caractère de son génie. Mais la terre propre de la vie cénobitique, c’est la Gaule c’est là que, dès l’an 360, saint Martin, ayant passé quelque temps à Milan dans un monastère où il s’était formé, en établit un autre à Ligugé, près de Poitiers, et, un peu plus tard, le grand monastère de Marmoutiers, près de Tours. Il y résidait, étant évêque de Tours, avec quatre vingts et quelques moines lorsque vint l’heure de ses funérailles, il fut suivi par plus de deux mille. Je ne m’étonne plus alors de voir se fonder, en 410, cette grande abbaye de Lérins, d’où sortiront tant d’hommes illustres ; de voir saint Victor en fonder une autre à Marseille, où Cassien apporta les traditions de la Thébaïde, puis dans l’île Barbe, près de Lyon, tandis que Vitricius peuplait de moines les dunes et les, sables de la Flandre. Dès le commencement du cinquième siècle, je vois toutes les frontières que les milices romaines avaient abandonnées, et que menaçait la barbarie, je les vois gardées par les colonies d’une autre milice, d’une autre Rome, par des colonies qui arrêteront les barbares, les retiendront, les fixeront, et c’était beaucoup pour commencer à les civiliser.