Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/88

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place autour de leurs autels. Il importait d’abord que l’on crût à la vertu des femmes, et c’est ce que le christianisme a obtenu en fondant la profession publique de la virginité, en donnant le voile et le bandeau d’or à ces vierges qui restaient dans leurs familles, mais honoraient par une profession publique cette vertu u laquelle l’antiquité ne croyait pas. De plus, il importait qu’elles se montrassent égales aux hommes dans ces vertus dont eux seuls se croyaient le privilége, le courage de mourir martyres, souvent avec l’honneur de mourir les dernières, après tous les autres. C’est ainsi que firent dès le commencement Thècle et Perpétue, et c’est chose souverainement touchante de voir le respect dont les martyrs, dans leurs prisons, entouraient ces premières mères du christianisme, nos mères dans la foi, qui leur donnaient l’exemple, et qui pour eux étaient comme des anges descendus du ciel, qui n’avaient pas d’ailes, mais qui de plus que les anges avaient des larmes. Voilà ce qu’on voit dès les premiers siècles, et rien dans les actes des martyrs n’égale le culte dont sainte Perpétue est entourée par ses frères dans la souffrance jusqu’au moment où le gladiateur vient l’achever en présence du peuple romain qui hurle de plaisir et d’enivrement.

Mais j’écarte ce qui touche de trop près au sanctuaire, je ne veux plus considérer les femmes dans ces rôles privilégiés, dans ces conditions exception-