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les chants, les souvenirs du pays ; on voit les saints se délasser —en écoutant les joueurs de luth ; la poésie nationale fait irruption dans la légende ; et, pendant que le moine est enfermé entre les murs étroits de sa cellule, son imagination erre sur les mers avec saint Brendan, ou parcourt le monde invisible à la suite de saint Patrice[1].

L’Église d’Irlande

Il ne faut cependant pas répéter, comme on l’a trop dit, que l’ Église d’Irlande, nourrie des doctrines de l’Asie, repoussait l’autorité des papes ; et que ses moines, de concert avec les Culdées de Bretagne, sauvèrent l’indépendance religieuse au milieu de la servitude universelle du moyen âge. Si les fondateurs des monastères irlandais rappellent souvent, par les dispositions et par les termes de leurs règles, les institutions de l’Orient, c’est a Lérins et dans les écrits de Cassien qu’ils les connurent ; c’est de Rome que Patrice tient sa mission ; c’est d’elle qu’il a reçu la langue de sa liturgie, les dogmes qu’il enseigne, et les observances qu’il répand. Parcourez ce qui reste de ces premiers siècles, les décrets des conciles nationaux, les pénitentiels, les légendes ; vous y retrouverez tout ce que les ennemis de Rome ont rejeté : le sacrifice eucharistique, l’invocation des saints, la prière pour les

  1. Confessio S Patricii, Giraldus Cambrensis, Topographia Hiberniae, distinctio 2, cap. XXVIII. cap. XXXXIV. Vita S. Columbae, apud Mabillon, Acta SS. 0. S. B., t. I, p. 361. Vita S. Brigitae apud Basnage, Thesaurus monumentorum, t. I. Thomas Moore, History of Ireland, t. I.