Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/139

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nous reste de ce discours, probablement prononcé en langue barbare, toutes les habitudes de la prédication irlandaise : une théologie savante, et qui ne se défend même pas des réminiscences de la littérature profane une exposition lumineuse du dogme, une interprétation charitable de la morale évangélique, et .cette judicieuse distinction entre les conseils réservés au petit nombre et les lois faites pour tous, « si douces que nul, s’il n’est bien ignorant et bien indigne, ne peut être exclu du royaume de Dieu. » La cellule de ce prédicateur populaire, le lieu d’où il avait chassé les ours, fut le commencement de la grande abbaye de Saint-Gall, destinée à devenir la lumière de l’Allemagne méridionale, à ranger sous son autorité de nombreux vassaux dont elle polissait les mœurs, à ouvrir enfin ces écoles fameuses où le génie national fut nourri dans l’étude de l’antiquité, et d’où l’on verra sortir un jour, à la suite des théologiens et des chroniqueurs les premiers poëtes populaires [1].

La fondation de Saint-Gall acheva de réduire le pays des Alemans en province chrétienne. Ces hommes farouches, qui ne croyaient qu’à leur épée, crurent à la puissance pacifique de la croix. Ils en mirent le signe sur leurs armes. Des fouilles récentes dans le pays de Vaud ont mis au jour des

  1. Vita S. Galli, Sermo S. Galli, apud Basnage, Thesaurus, t.I, p. 781.