Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/144

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taient aux ronces et aux bêtes les ruines des habitations de leurs pères. Rupert visita ces lieux, il en aima la sauvage beauté ; et, ayant obtenu la concession du territoire, il y éleva une église et un cloître, rassembla les habitants dispersés, et fonda la ville nouvelle de Salzbourg. Ensuite, afin d’étendre et de perpétuer son apostolat, il retourna au pays des Francs et en amena deux colonies, l’une de moines, l’autre de femmes consacrées à Dieu. Car, dit la légende, comme il voyait le troupeau du Seigneur se perdre par les passions de la chair, il avait prié en disant : « Seigneur, si cette œuvre est bonne devant vos yeux, je me choisirai quelques personnes propres à votre service et à votre culte, et par lesquelles je puisse attirer, non-seulement les femmes, mais aussi les hommes, à l’exercice d’une sainte vie. » On reconnaît ici la tradition de Luxeuil, et cette pensée hardie des missionnaires d’Irlande, de dompter l’incontinence des mœurs par le spectacle de la virginité. Rupert bâtit donc un monastère, à la tête duquel il plaça une vierge appelée Ehrentrud, issue, comme lui, du sang royal des Mérovingiens. Les filles des Bavarois apprirent à servir Dieu, à porter dans leurs maisons la pureté, la douceur, la charité, la politesse des sociétés chrétiennes. La légende de saint Rupert s’achève par un récit qui rappelle les derniers entretiens de saint Augustin et de sainte Monique. Il arriva qu’un jour Rupert eut révélation