Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/185

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l'école d’Athènes, ordonné évêque par le pape Vitalien, passe en Angleterre, et y porte la réforme des abus, l’unité de discipline et la culture des lettres. A leur tour, les Anglo-Saxons voulurent connaître la cité sainte d’où leur venait la lumière. Wilfrid, évêque d’York, déposé par une sentence inique, allait chercher la justice à Rome. Benoît Biscop y cherchait la science, faisait cinq fois le voyage d’Italie, revenait enrichi de manuscrits précieux, chargé d’images sacrées dont il couvrait les murs des églises, accompagné de l’archichantre de Saint-Pierre, qui introduisit parmi les Anglais l’ordre et la majesté des cérémonies romaines. Ceadwalla, roi de Wessex, Offra,’roi d’Essex, et Coenred de Mercie, abandonnèrent le trône pour aller finir leurs jours au tombeau des saints apôtres. Un peu plus tard, le grand législateur Ina devait imiter leur exemple, et fonder l’hospice des pèlerins saxons sur la rive solitaire du Tibre, où s’élève le Vatican. C’est là qu’on leur donna une église et un cimetière, afin que ces étrangers venus de plus loin eussent le lieu de leur repos plus près du tombeau de l’apôtre, et comme à l’ombre de sa basilique. Pendant quatre cents ans, Rome fut vraiment l’école des Anglo-Saxons : elle eut le temps de leur communiquer cet esprit de conduite et de tolérance, cette fermeté qui sait fléchir à propos, et, pour tout dire en un mot, ce bon sens pratique par lequel les Anglais, comme les anciens Romains,